Le développement de clusters peut constituer une réponse aux défis que rencontrent les entreprises tunisiennes dans le contexte politique et économique actuel. La mutualisation des ressources et la coopération peuvent, en effet, doter les entreprises des ressources nécessaires, non seulement pour survivre, mais aussi pour se développer et prospérer.
En Tunisie, la clusterisation n’avance pas au rythme souhaité malgré les efforts déployés à plus d’un niveau. Plusieurs programmes ont été, de fait, lancés pour appuyer l’émergence de clusters, notamment en termes de sensibilisation et d’incitation. Interpellé sur la question, Slim Feriani, ministre de l’industrie et des PME, a souligné que “les clusters ont fait partie intégrante de la stratégie nationale 2018-2020”. Et d’ajouter : “La clusterisation fera certainement partie de la stratégie 2020-2035 que nous sommes en train de préparer”.
La question qui se pose serait alors la suivante : ces programmes et stratégies sont-ils vraiment efficaces ? Car, ce qui complique particulièrement la mission des industriels est l’absence d’un cadre juridique adéquat. Ceci ne les a certainement pas empêché de créer des clusters, mais ces derniers sont loin d’atteindre leur vrai potentiel. “Nous n’avons de choix que d’organiser nos clusters sous forme de groupements d’intérêt économique ou d’associations”, a déclaré au Manager Mokhtar Zannad, directeur général de Neilsen, membre du Cluster Mécatronique. Ce dernier, ayant la forme juridique d’une association, rencontre d’énormes difficultés pour trouver des sources de financement pour ces projets, explique Zannad. Un “Cluster Act” permettrait alors de faciliter la tâche des entreprises et d’améliorer l’efficacité des clusters et leur capacité à apporter de la valeur ajoutée à leurs membres.
Un tel élan aurait un effet positif sur la prolifération des clusters en Tunisie, a déclaré Mathias Fillon, d’ANIMA Investment Network, puisqu’il va permettre de démontrer les bienfaits de la clusterisation pour les entreprises.
Les clusters peuvent être aussi un vecteur de coopération et de collaboration aussi bien en Tunisie qu’ailleurs. Massimo Davià, de l’italien Environment Park SpA, a indiqué que des rencontres B2B seront organisées en février prochain entre des clusters tunisiens et italiens, et ce, afin d’accélérer la coopération entre les deux parties. “Nous avons constaté une complémentarité entre nos compétences et expertises qui nous permet de créer des partenariats gagnant-gagnant”, a-t-il annoncé.
Au vu des avantages que confère la clusterisation à l’économie tunisienne, les partenaires de la Tunisie ont multiplié les initiatives. Ainsi, l’AFD a apporté un soutien financier de l’ordre de 3 millions d’euros qui a permis au Cluster Mécatronique de renforcer ses activités. Les success stories n’ont pas tardé. Parmi les projets collectifs qui se sont soldés par un succès, Zannad cite le développement d’une voiture électrique, WEEZ, dont la fabrication sera entamée dans la région PACA en France.