Le coup d’envoi du programme régional Med Dialogue For Rights and Equality a été donné en grandes pompes dans l’après-midi du lundi 27 janvier 2020 à Gammarth, réunissant des activistes de la société civile de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) concernés par la question cruciale des changements climatiques.
S’étalant sur trois ans, c’est un programme entièrement financé par l’Union Européenne (UE) – 3 millions d’euros -. Le thème de la conférence d’ouverture n’a pas été choisi au hasard : les défis écologiques en Méditerranée et le rôle de la société civile. De fait, la zone MENA est très sensible aux changements climatiques qui font des ravages non seulement au niveau environnemental, mais aussi au niveau social – pauvreté, migration climatique – et économique.
Dix pays arabes sont représentés : la Tunisie, l’Algérie, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, la Palestine et la Syrie. Il s’agit, en fait, d’un camp de formations qui vise à faciliter le développement des réseaux régionaux, à renforcer les compétences, à la création de canaux de coopération entre les activistes de la société civile dans le domaine écologique.
“Assez des discours, il faut agir !”
Dans une déclaration accordée au Manager, Gianluca Solera, Capacity Development Expert, affirme qu’avant d’organiser ce genre de conférences, il faut, surtout, donner l’exemple en matière de protection de l’environnement. “Assez des discours. L’écologie c’est, avant tout, l’action, une mentalité, un mode de vie”, a-t-il déclaré.
Pour le prouver, l’expert a assuré que l’événement a été organisé tout en respectant, au mieux, l’environnement. “Nous travaillons avec du papier recyclé. Les repas qui seront distribués aux participants sont issus de l’agriculture biologique”, a-t-il indiqué.
L’objectif, poursuit-il encore, est de rassembler les activistes de la société civile du domaine de l’environnement de la région MENA. Il s’agit de leur simplifier le travail au-delà des frontières. “L’écologie est un défi régional que l’on ne peut aborder que par le biais de la coopération et d’une action collective”, a-t-il encore dit.
“L’urgence climatique mondiale doit être décrétée”
Pour sa part, Nabila Hamza, directrice du programme et élue au sein du Conseil Municipal de la Marsa, a mis en exergue l’importance de l’organisation des formations au profit des jeunes composantes de la société civile. Il est temps, affirme-t-elle, de décréter l’urgence climatique à l’échelle mondiale.
Les conséquences des changements climatiques sont désastreuses et elles continuent de faire des ravages. “La pauvreté augmente, au même titre que les épidémies. La région méditerranéenne est lourdement touchée. Elle subit un nouveau phénomène, qui n’est autre que la migration irrégulière climatique. Les gens fuient, désormais, les conditions climatiques difficiles de leurs pays. Cette problématique doit être résolue collectivement. On compte, selon les Nations Unies, pas moins de 200 millions de migrants climatiques”, a-t-elle déclaré.
Autre conséquence, et non des moindres selon Nabila Hamza : la multiplication des conflits. Avec les changements climatiques, l’eau potable commence à manquer, d’autant plus que l’énergie qui devient de plus en plus chère et rare – le pétrole -. Des conflits ont éclaté pour disputer les gisements pétroliers. “C’est ce qui s’est passé en Irak. A présent, les grandes puissances cherchent à s’emparer de la région antarctique qui renferme d’énormes gisements pétroliers”, a-t-elle déploré.
La conférence d’ouverture relative au programme régional Med Dialogue For Rights and Equality a été l’occasion de rappeler l’importance de conjuguer tous les efforts afin de lutter contre les changements climatiques. Il s’agissait, aussi, de mettre en lumière le rôle capital de la société dans cette bataille. Les participants, venus des quatre coins de la région MENA, seront amenés à élaborer des projets écologiques. S’ils sont jugés satisfaisants, l’UE pourrait renouveler son soutien après la fin du programme – à partir de 2022 -.
L’heure n’est plus aux beaux discours et aux déclarations d’intention : il faut agir, et maintenant.