En Ghana, plus de 70% des voitures importées sont d’occasion. Dans ce pays, ainsi qu’ailleurs en Afrique de l’Ouest, une grande partie de la population ne dispose pas des moyens nécessaires pour l’acquisition de véhicules neufs. Pour changer cela, plusieurs constructeurs automobiles envisagent d’implanter des usines dans la région, notamment au Ghana. Leur objectif : un marché de plus de 382 millions d’habitants.
Environ 30 mille véhicules de tourisme ont été importés au Ghana en 2018, selon les estimations de Fitch Solutions. D’autre part, le Ghana n’a enregistré que 7073 immatriculations de véhicules neufs en 2018, dont 4268 étaient des voitures particulières, selon l’Organisation Internationale des Constructeurs Automobiles.
VW, Toyota Motor Corp., Nissan, et probablement Renault SA, sont parmi ces constructeurs visant le marché de l’Afrique de l’Ouest.
Les gouvernements de ces pays, souhaitant réduire la part des voitures usagées dans leurs rues, se sont mis à la besogne. Au Ghana, par exemple, le gouvernement a augmenté les droits à l’importation sur les voitures d’occasion de 5% ou 20%, à 35%. En contrepartie, il a décrété des allégements fiscaux au profit des constructeurs automobiles qui s’améliorent avec le taux d’intégration locale. Mieux encore : le gouvernement vise, aussi, à promouvoir l’exportation des véhicules fabriqués sur son territoire vers les pays de la région.
“Nous ne nous pencherons pas sur cette question uniquement pour aujourd’hui”, a déclaré à Bloomberg le président de Nissan Africa, Mike Whitfield. “Nous continuons à voir l’Afrique comme la dernière frontière qui reste sur le marché automobile, l’Afrique de l’Ouest en étant un élément clé”.
Mais la mission des constructeurs automobiles ne sera pas simple. Car même si le gouvernement augmente les tarifs sur les voitures d’occasion, les gens n’auront toujours pas les moyens d’en acheter de nouvelles s’ils n’ont pas accès au financement.
Selon la Ghana Automobile Dealers Association, moins de 5% des ventes de voitures neuves sont financées par les banques. Dans certains cas, les prêteurs exigent que les employeurs acceptent de réorienter une partie du salaire de l’acheteur vers la dette, ou que le propriétaire souscrive une assurance pour couvrir un défaut. Les taux d’intérêt de 22% à 30% rendent également les prêts «largement» inabordables, a déclaré à Bloomberg, Koketso Tsoai, analyste de l’industrie automobile chez Fitch Solutions.
Néanmoins, il ne faut pas s’attendre à un flux énorme à sortir des usines ghanéennes. Les constructeurs automobiles démarreront avec une production limitée, d’environ 5 000 unités par an ou moins.