Le secteur financier est le sujet phare de la presse économique en Tunisie. Pas un seul jour sans un article sur les banques et leurs gains générés dans un environnement difficile. Les assureurs, les compagnies de leasing et les institutions de microfinance sont également régulièrement traités. Mais une activité financière importante est dans l’oubliette : l’intermédiation boursière et la gestion d’actifs. C’est un segment rarement analysé, probablement par manque de données.
L’industrie du brokerage traverse le désert depuis quelques années. Nous disposons des chiffres relatifs à l’année 2018. Pour les 23 intermédiaires actifs, les revenus de négociation et d’enregistrement se sont établis à 15,689 millions de dinars. Les placements des valeurs mobilières et de produits financiers ont rapporté 3,820 millions de dinars. La gestion des comptes est la principale source de revenus avec 22,199 millions de dinars, loin devant les études et l’ingénierie financière qui ont contribué à hauteur de 4,058 millions de dinars.
Toutes ces sources de revenus ont été sous pression en 2019. Avec la chute libre du volume des échanges, les gains sur l’intermédiation vont certainement reculer. L’année n’a connu aucune IPO et très peu d’opérations d’émission obligataires. L’exercice est marqué par une baisse de la liquidité sur le marché actions et une poursuite de la décollecte au niveau des Organismes de Placements Collectifs causée par l’arbitrage des investisseurs au profit des placements monétaires. Cela va se répercuter sur les chiffres du secteur et nous prévoyons des pertes pour plus d’opérateurs par rapport à 2018, année durant laquelle quatre intermédiaires ont affiché des résultats négatifs.
Mais dans ce paysage, il y a des distinctions, notamment le leader du secteur Tunisie Valeurs qui a affiché une résilience notable à ce contexte. Son chiffre d’affaires jusqu’au mois de septembre s’est établi à 11,889 millions de dinars, un niveau qui lui permet de dégager un résultat net confortable. Et en dépit de sa position sur le marché, le broker est en train de négocier avec des partenaires industriels, et ce, dans l’objectif de doper son développement. La gestion d’actifs a besoin de taille, une règle que l’opérateur a bien compris et est parti à la recherche de croissance.
Et si le leader du secteur est doté de tous les atouts pour mener de telles opérations, les autres opérateurs ne sont pas tous aussi prêts. Si nous excluons les intermédiaires qui ont une large base d’actifs gérés, à savoir ceux adossés à des institutions financières et celui indépendant MAC SA, les autres sont en train de souffrir. Il y a un fort besoin de recapitalisation. Les fondamentaux de cette industrie ne sont pas très mauvais, avec un total des fonds propres de 125 millions de dinars et un Return on Equity de 10,2%, fin 2018. Ce qui est sûr c’est que tant que les taux sont élevés, les actions resteront pour attractives et la situation risque d’empirer.