Il paraît que les banques vont continuer à être la cible préférée des hommes de politique en Tunisie. Hier, et lors des débats sur le projet de la Loi des Finances 2020, un député du Mouvement du Peuple a proposé l’application d’une taxe minimale de 3% sur les bénéfices des banques pour financer le déficit des caisses sociales !
Encore une fois, les non-spécialistes font la confusion entre Produit Net Bancaire (PNB) et bénéfice net. Selon les chiffres des banques cotées à la Bourse de Tunis, le PNB de 2018 s’est établi à 4,319 milliards de dinars (4,807 milliards pour tout le secteur selon les chiffres de la BCT). Ce montant dépasse de loin ceux des bénéfices nets. Les résultats nets 2018 des banques cotées se sont établis à 1,236 milliard de dinars. Pour 2019, et en dépit d’une très forte hausse du PNB (3,109 milliards de dinars fin septembre), les profits seraient en stabilité. La hausse du coût du risque a laissé ses traces durant la première moitié de l’année, et les bénéfices n’ont augmenté que de 0,5% en rythme annuel à 601,462 millions de dinars.
Faisons maintenant un peu de calcul. Supposons que les bénéfices des banques vont atteindre 1,5 milliard de dinars fin 2019, ce qui est extrêmement optimiste. Les 3% apporteraient la ridicule somme de 45 millions de dinars, soit 2,2% du déficit des caisses sociales. Selon les dernières estimations, ces derrières afficheraient un déséquilibre de 2 milliards de dinars.
Où est donc l’apport d’une telle proposition ? Si elle sera adoptée, les banques perdront en capitalisation boursière, en quelques heures, beaucoup plus que la somme potentiellement collectée ! Par ailleurs, ce député a oublié que la Loi de Finances 2019 a créé une contribution exceptionnelle de 1% sur le chiffre d’affaires des banques, assurances, entreprises pétrolières et de télécoms, encore au profit des caisses sociales. Le texte de cet article est resté non appliqué jusqu’à aujourd’hui.
Certains partis politiques ont ainsi annoncé la couleur. Ils vont jouer la carte des banques et leurs profits pour tisser un discours politique attractif pour une population en dépression.