L’Initiative de décentralisation efficiente et des municipalités attractives (IDEMA) vient d’engager un diagnostic auprès d’un panel expérimental de communes partenaires afin d’étudier la faisabilité du concept de Business Forum. Lors de l’atelier du 9 décembre, les premiers résultats de ce diagnostic ont été partagés, discutés et soumis aux inputs des participants et partenaires locaux et nationaux.
Quel Tunisien ne s’est-il pas soulevé au moins une fois pour appeler à une décentralisation effective, loin des pratiques qui la cantonnent dans de rares expressions administratives ? Une aspiration généralisée, surtout dans les régions intérieures du pays, à laquelle vient de répondre IDEMA avec une initiative qui appuie les efforts du gouvernement pour le renforcement à terme des acteurs locaux pour une durée de 48 mois (août 2018-juillet 2022) grâce à un appui financier des Pays-Bas.
“La passion est ce dont vous avez besoin !”
“Nous avons besoin de volonté et d’organisation locale. Le rôle des municipalités dans les affaires économiques est de jeter les bases de cette cellule ; d’où la matrice des compétences pour examiner le rôle dominant de l’Etat et trouver les voies de rapprocher ces compétences virtuelles du niveau local”, soutient Ahmed Basti, expert chargé de la mission Business Forum, lors du premier Panel sur les enjeux, défis et diagnostic de préfaisabilité.
Il souligne l’importance de la question de la volonté, avant les textes puis le trio des besoins de cette entité économique : développer les connaissances, organiser la coordination et la mise en cohérence des plans, puis organiser la promotion de l’économie locale. “Nous voyons ce forum comme une sorte de mouture locale du World Economic Forum de Davos et nous savons qu’il faut lui assurer la visibilité qui le proposerait comme un dispositif de mobilisation et d’impulsion des synergies locales, mais aussi de promotion et d’attractivité en vue de favoriser l’accueil des projets économiques nouveaux sur le territoire communal et de booster l’emploi”, commente-t-il.
Parallèlement à ce diagnostic, un Benchmark a été emprunté à partir des cas d’étude et de bonnes pratiques de la commune de Haarlem aux Pays-Bas. C’est le sujet du second Panel présenté par Stefan Kooijman, conseiller économique de cette commune citée en exemple par l’Union Européenne : “La passion est ce dont vous avez besoin, c’est une question d’engagement et de vision commune. Même dans les démocraties comme les Pays-Bas, les relations entre les étages du pouvoir ne sont pas toujours communicantes.”
Il fait partie des experts qui aident les édiles de Haarlem à mettre leurs politiques en branle en menant des recherches sur le développement et en analysant les problèmes auxquels fait face la municipalité. “Nous avons un réseau local qui compte beaucoup d’hommes d’affaires, nous sommes constamment sur le terrain pour interagir avec les différents acteurs. Nous n’attendons pas ce que décide le gouvernement central puisque nous avons également nos propositions et la revue de l’évolution des besoins de nos citoyens. C’est un débat qui s’installe en permanence alors que l’Etat a le devoir de veiller au bon fonctionnement des municipalités qui doivent jouer un rôle fort afin que la démocratie participative fonctionne. C’est un accord très clair entre l’Etat et les municipalités et cela fonctionne”, assure Stefan Kooijman.
“Nous travaillons en coopération avec les hommes d’affaires et avec la zone d’affaires Waarderpolder, la plus importante structure de ce genre. C’est là que nous nous retrouvons avec tous nos partenaires, à commencer par l’Etat. En ’97, nous avons commencé à travailler avec la zone du Waarderpolder pour améliorer l’accessibilité du terrain, assainir les lots pollués, accroître le nombre de salariés par hectare, améliorer l’accessibilité et la sécurité… Nous avons commencé par mettre en place un modèle officiel de coopération, clair et transparent ; puis nous avons créer une fondation afin de maintenir le débat… Dernièrement, la zone a reçu un prix national pour reconnaître le succès du modèle de cette administration où sont impliqués les hommes d’affaires et les experts économiques attachés à la municipalité”, poursuit-il.
C’est à cet esprit d’implication de tous qu’appelle le 3ème Panel de cet atelier en s’attardant sur les propositions conceptuelles et les grandes lignes de la mise en place de la cellule économique. Encore une fois, Ahmed Basti, expert chargé de la mission Business Forum, va à l’essentiel : “Les Hollandais avaient, au départ, les mêmes problèmes que nous : manque de coordination, de confiance… mais ils ont su construire à partir de là… Nous avons besoin aujourd’hui, comme eux avant nous, d’une entité économique qui servirait le développement local, qui organiserait la coordination et la mise en cohérence, et qui organiserait la promotion de l’économie locale. C’est avant tout un vecteur de compréhension, notamment par le travail de développement des connaissances, car il ne faut pas oublier que la municipalité est un pouvoir élu qui représente l’extension du pouvoir de l’Etat.”
C’est de là que part le montage institutionnel du Business Forum qui devrait ainsi être centré sur la commune pour incarner le pouvoir local, associer les partenaires locaux et disposer d’une capacité technique pour la prise de décision.