Petit à petit, quelques indicateurs macroéconomiques commencent à s’améliorer, notamment en matière des finances publiques. Cette légère progression a été réalisée au détriment des entreprises qui se sont trouvées obligées de payer plus de charges fixes avec la hausse du coût de travail, des taxes et des impôts.
Conséquence directe : nos sociétés investissent moins. Nous avons traité les chiffres du troisième trimestre des 31 entreprises non-financières cotées à la Bourse de Tunis. Après la chute libre des investissements au cours de la première moitié de l’année (-16,8% à 206,903 MTND), le troisième quart a été marqué par une légère hausse de 0,6% à 146,519 MTND. Depuis le début de l’année, les investissements se sont établis à 353,918 MTND, toujours en recul de 18,4% par rapport à la même période en 2018. Il est clair qu’à la lumière d’une demande interne fébrile et de revenus d’exports en décélération, la priorité est donnée à la rentabilisation des investissements antérieurs.
En dépit de cette baisse, l’endettement a continué sa tendance haussière. L’encours de dettes de ces 31 entreprises a augmenté de 11,6% sur les neuf premiers mois de 2019 pour s’établir à 2,874 MdsTND. C’est 295,853 MTND de crédits supplémentaires par rapport à la même période en 2018. Si la nouvelle dette n’est pas reflétée dans les investissements, c’est qu’elle est plutôt orientée vers les charges opérationnelles et le financement du besoin en fonds de roulement. Elle ne finance pas la production, mais plutôt l’inflation.
Cette dette vient aussi compenser les difficultés de lever des fonds propres sur le marché. Toutes les opérations d’augmentation de capital ont eu peu de succès auprès des investisseurs et certaines n’ont pas pu être clôturées. C’est une question à débattre car être coté en Bourse c’est avoir un accès direct au financement du haut de bilan. Si ce n’est plus possible et qu’on passe de nouveau sous le giron de la dette bancaire, à quoi sert l’ouverture de son capital au public ? Il ne faut donc pas s’offusquer de l’absence de nouvelles IPO de sociétés qui ont un vrai potentiel de croissance.
Par ailleurs, si c’est la situation de nos meilleures entreprises, quelle serait celle des PME ? Elles n’ont même pas accès aux crédits bancaires soit par manque de garanties soit par cause de structure bilancielle déséquilibrée.
Un des vrais défis du prochain exécutif serait de trouver le juste équilibre entre les priorités macroéconomiques, qui passent à court terme par des taux d’intérêts élevés, et celles microéconomiques qui exigent des mesures pour relancer l’investissement. Une équation différentielle qui attendrait encore longtemps une résolution.