La règle dit que lorsque l’économie va mal, les sinistres flambent. Et c’est ce que nous sommes en train de voir en Tunisie en ce 2019. Les assureurs cotés à la Bourse de Tunis ont affiché un chiffre d’affaires total de 139,571 MTND durant le troisième trimestre, une hausse de 9,7%.
Depuis le début de l’année, les primes émises se sont établis à 522,168 MTND, une progression de 5,9% en rythme annuel. Paradoxalement, cette croissance provient de l’assurance Non-Vie au moment où la croissance économique est morose. C’est donc une hausse qui résulte d’un effet prix et non d’un effet volume. La police Automobiles domine toujours l’activité du secteur, représentant 54% des souscriptions sur les 9 premiers mois, quasi-stable par rapport à 2018. Sans surprise, les segments directement liés à l’activité économique, l’Incendie & Risques Divers et le Transport ont représenté 15,5% du chiffre d’affaires total contre 16,5% l’année dernière. La croissance du secteur dépend des assurances obligatoires car le tunisien n’a aucune culture en matière de couverture de risques.
En même temps, les primes de l’assurance Vie ont reculé de 2% à 70,663 MTND. Malheureusement, nous n’avons pas de détails pour vérifier si l’origine de cette baisse est l’activité Epargne ou de celle de crédits. Nous penchons plutôt vers la première hypothèse car l’octroi de prêts bancaires n’a pas montré de signes de faiblesse. Par contre, que l’épargne baisse reste est cohérent avec l’inflation et la dégradation du niveau de vie du tunisien.
L’amélioration du chiffre d’affaires global a été accompagnée par une aggravation de 23% des sinistres qui ont atteint 313,885 MTND, dont plus de 172 MTND revenant à la branche Automobiles. Encore une fois, les assurances liées à l’activité économiques ont enregistré une flambée des sinistres de 123%. Si cela annonce un exercice peu profitable pour les assureurs, les revenus de placements devraient sauver la mise avec les 131,246 MTND dégagés sur les trois premiers trimestres. Même ajustés de la plus-value exceptionnelle de 38 MTND réalisés par ASTREE sur les titres de sa banque mère, la progression est de 31%. A l’instar des banques, les compagnies d’assurances bénéficient du contexte haussier des taux d’intérêt.
Le secteur des assurances tunisien reste très particulier. Alors que dans les pays développés c’est l’assurance épargne qui domine en dépit de la baisse des taux, nous ne parvenons toujours pas à se lancer dans cette activité. C’est avec une épargne longue sur plus de 30 ans que nous pouvons changer ce pays et rentabiliser des investissements en infrastructures. Le premier pas passe par l’octroi de la liberté aux agents économiques de choisir chez qui constitue leur capital retraite. Les faits ont montré que le privé gère beaucoup mieux que l’Etat ces ressources.