Qui se rappelle d’un certain homme d’affaires, Moez Zouari, qui a tenté une OPA hostile sur le groupe SOMOCER en 2011 ? Cette opération qui s’est soldée par un échec a fait que l’investisseur n’avait plus tenté de business en Tunisie.
Pourtant, l’homme est à la tête d’un petit empire discret en France. Il exploite un large réseau de près de 400 magasins franchisés sous les enseignes du Groupe Casino (Franprix, Monop’ et Monoprix) et 180 Leader Price. Il emploie 6 000 salariés. Il y a peu d’informations sur le chiffre d’affaires de ce Groupe, mais plusieurs sources françaises confirment qu’il est entre 1 et 1,5 milliard d’euros.
Le Groupe Zouari va maintenant passer à la vitesse supérieure : racheter la part du Suisse Aryzta (43%) dans le capital de l’enseigne des surgelés Picard. Une opération qui coûterait 156 millions d’euros et réalisée avec le concours d’Intermediate Capital Group. Il devient ainsi le deuxième actionnaire de la marque préférée des français après Lion Capital (51%) et le premier actionnaire industriel. Picard c’est 1 100 magasins, 11 millions de clients par an et un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros en 2018. L’Excédent Brut d’Exploitation de la société dépasse les 200 millions d’euros, dégageant ainsi une marge très confortable par rapport aux normes de l’industrie.
Cette opération a stratégiquement du sens. Le Groupe Zouari a lancé de nouveaux concepts de restauration sur le pouce dans ses magasins. Picard pourrait lui apporter gros en matière d’expertise. En même temps, le Groupe qui dispose d’une grande expérience dans le commerce de proximité pourrait aider la marque à se développer davantage. En même temps, Picard dispose de magasins dans des emplacements stratégiques, notamment à Paris. Pour le Groupe Zouari, dont 40% des revenus proviennent de l’immobilier, c’est une opération à ne pas rater.
Une nouvelle success story pour un Tunisien à l’étranger. Comment faire pour les attirer vers leur pays d’origine ? Une belle question pour ceux qui comptent gouverner la Tunisie pour les cinq prochaines années.
Bassem Ennaifar