Toutes les startups sont à la recherche de financement, mais très peu d’entre elles parviennent à réussir une levée de fonds. Pourtant, les idées sont là sauf que cela ne suffit pas. Il faut un business portant, innovant et surtout rentable. C’est là toute la difficulté car il n’est pas évident de gravir rapidement l’échelle de la profitabilité.
Pour évaluer les projets, les plus grands fonds d’investissement utilisent une règle peu connue, appelée la règle des 40%. L’objectif de ce principe est de mesurer, à la fois, la croissance des revenus et de la profitabilité. Pour calculer votre score, il suffit d’additionner le taux de croissance du chiffre d’affaires et celui de la marge nette. La somme des deux doit dépasser 40%. Si une société a un chiffre d’affaires qui croît rapidement, il faut que cela se traduise par une meilleure rentabilité grâce aux économies d’échelle. Si ce n’est pas le cas, c’est que le business model ne tient pas la route. De même, si les profits augmentent alors que les revenus piétinent, c’est que les gains proviennent de la maîtrise des charges variables qui ne sont pas infinies, faisant de cette amélioration un phénomène de courte durée.
Cette règle n’est pas seulement utile dans la décision d’investissement, mais dans le suivi des projets. Même les investisseurs en Bourse la suivent à la lettre. D’ailleurs, elle est derrière la descente aux enfers de plusieurs sociétés phares comme Jumia. Les investisseurs ont effectivement sorti leurs calculettes pour revoir les chiffres de la plateforme avec les révélations choquantes du site spécialisé dans le suivi des sociétés cotées, Citron Research. Selon la plateforme, Jumia a falsifié ses chiffres avant son introduction à New York en gonflant le nombre des consommateurs actifs de 600 000 à 2,7 millions et en retirant une information clé de son dossier : 41% des commandes avaient été retournées, non livrées ou annulées. Le potentiel de croissance est donc différent de celui présenté aux investisseurs. La société ne respecte plus la règle des 40%, et une vente massive a été déclenchée conduisant à une chute libre de son cours.
Attention alors à ce que vous présentez dans un dossier de financement à un institutionnel. Il faut que le modèle soit solide de sorte qu’il respecte cette règle d’or. Sinon, vous devez le revoir.
Bassem Ennaifar