Conçue pour répondre aux besoins présents et futurs de connectivité ― et au gigantesque flux de data que cela engendrerait, la 5G offre bien plus qu’un débit (beaucoup) plus important. L’avènement de la 5G pourrait changer la vie des entreprises, ouvrant la porte à de nouveaux usages jusqu’alors peu rentables ou simplement impossibles à concrétiser.
Technologie clé pour le futur, la 5G fait l’objet de développements rapides chez les plus grands constructeurs du monde. Et Ericsson ne fait pas l’exception. Le géant suédois des télécommunications a organisé dans ce cadre son annuel Ericsson Day à Tunis pour présenter ses dernières trouvailles.
Cette rencontre était aussi l’occasion pour sonder les positions des opérateurs telecom de la place par rapport à la décision du ministère des TIC de lancer la 5G d’ici la fin de 2021. En effet, les présents ont eu droit à un panel composé des représentants des 3 opérateurs ainsi que de l’Instance nationale des télécommunications et l’Agence nationale des fréquences.
La 5G, oui. Mais quand et comment ?
Le déploiement de la 5G s’accélère de jour en jour dans le monde. Mais alors que la nouvelle technologie est déjà disponible aux consommateurs dans certains pays, elle est encore en phase de pilote dans plein d’autres.
Aux États-Unis, par exemple, les grands opérateurs de la place ont commencé à fournir à leurs clients respectifs de la data en 5G. Seul hic: la couverture géographique du réseau nouvelle génération est (très) limitée, ne dépassant pas les quelques mètres carrés. Et pour raison: ces opérateurs ont opté pour des réseaux à très hautes fréquences (entre 24 et 86 GHz) ce qui limite physiquement leur propagation dans l’espace.
En Tunisie, la 5G sera déployée via des fréquences moins élevées. Dans une déclaration accordée au Manager, Slim Ghariani, Country & KAM Tunisia, a indiqué qu’il sera possible de déployer la 5G sur la bande 700 MHz utilisée actuellement par les opérateurs pour la 4G. Selon lui, cette fréquence est capable d’assurer des débits importants pour la data mobile, service qui connaît la plus grande croissance dans le secteur (+40%/an). “Si le besoin pour l’usage des hautes fréquences se manifeste pour certains sites, nous le ferons de manière locale”, a souligné Hatem Mestiri d’Ooredoo. “Je ne pense pas qu’il aura en Tunisie une forte demande sur ce volet”, a-t-il ajouté.
Mais, partout dans le monde, les opérateurs ne veulent plus se contenter de canaliser la data aux usagers. “Les opérateurs cherchent à monter dans la chaîne de valeur en offrant des services à haute valeur ajoutée”, a souligné de son côté Adel Akrout, d’Orange. Mais de l’aveu de l’expert lui-même, la mission ne sera pas facile. Dans la même lignée d’idée, Mestiri estime que réussir dans les services à haute valeur ajoutée (VoD, streaming musique, …) nécessite un “monopole” international, à l’instar de Netflix et Spotify. Et d’ajouter: “Quoi qu’il en soit, la 5G est une belle opportunité pour les opérateurs qui doivent certainement se préparer pour pouvoir la saisir”.
Les difficultés de déploiement
Et c’est justement cette préparation à la 5G qui pose plus de points d’interrogation. “Déployer la 5G sur l’ensemble du territoire posera plusieurs problèmes”, a signalé Lassad Ben Dhiab de Tunisie Telecom. “Ceci nécessiterait un investissement de taille, puisque la couverture géographique est plus limitée, mais aussi le déploiement d’un réseau fibré qui relie l’ensemble des antennes”, a-t-il ajouté.
D’un autre côté, les représentants des 3 opérateurs ont annoncé que le travail sur l’adaptation du réseau pour soutenir la 5G a d’ores et déjà commencé à plus d’un niveau.
Pour essayer de réduire les coûts d’un tel passage, les opérateurs ont évoqué un éventuel renforcement des efforts de mutualisation de l’infrastructure, aussi bien sur les composants passifs (bâtiments, …) qu’ actifs (antennes, …) du réseau. “La Tunisie est l’un des pays précurseurs en Afrique en termes de partage de ressources et cette collaboration doit être renforcée pour un déploiement plus fluide de la 5G”, a insisté Olfa Jammali de l’ANF.
Jammali a aussi mis les feux des projecteurs sur la problématique de l’attribution des fréquences. Les opérateurs, a-t-elle souligné, exigent plus de liberté dans l’attribution de fréquence ainsi qu’un process qui permet des attributions par région.
Dans ce cadre, la représentante de l’INT, Sihem Trabelsi, a signifié qu’un nouveau cadre réglementaire est en cours d’étude. Elle a indiqué que les questions de l’attribution, ainsi que celles de la protection des données privées mais aussi de la neutralité des réseaux doivent y figurer.