Tous les Tunisiens connaissent les produits d’Elbene, mais seuls ceux qui investissent en Bourse ont une idée sur ses difficultés financières. La société a terminé l’année 2018 avec des fonds propres de 2,405 MTND. Les pertes cumulées ont atteint 42,876 MTND avec un très lourd endettement. Les emprunts à moyen et long termes s’élèvent à 4,941 MTND, alors que la dette à court terme est de 66,568 MTND. Le titre a perdu toute attractivité en Bourse bien qu’il soit coté depuis le 08 avril 1993. La capitalisation actuelle d’Elbene est de seulement 19,6 MTND. Depuis le début de l’année, le nombre de titres échangés est de 676 titres pour quelque 1000 dinars, le volume le plus faible de la Place.
Pourtant, la société opère dans un secteur où il y a du potentiel. Mais pour qu’il soit exploité, il faut des ressources. Les principales banques prêteuses ont accepté de convertir leurs créances en capital. Cette opération n’est pas une première dans l’histoire d’Elbene. Deux conversions ont été réalisées, respectivement en 2003 pour un montant de 5,500 MTND et en 2005 pour un autre montant de 10,500 MTND. La troisième opération qui sera lancée dans deux semaines sera la plus importante car elle va permettre de convertir 25 MTND de dettes.
La BIAT et la STB vont supporter chacune 9,500 MTND contre 6 MTND pour la BNA. En parallèle, les actionnaires majoritaires vont injecter 20 MTND à travers une augmentation de capital réservée. A l’issue de cette opération, le Groupe Doghri et Ben Jemaa verra sa participation dans le capital passer de 77,59% actuellement à 54,64% après l’opération. Le reste du capital est détenu par la STB (15,28%), la BIAT (14,62%), la BNA (11,61%) et la BH (1,46%). Les minoritaires ne contrôlent plus que 2,39%. D’ailleurs, nous ne savons pas si les participations des banques seront considérées comme du flottant. Sinon, une Offre Publique de Rachat s’impose. Bien évidemment, cette opération sera précédée par une réduction de capital de 20 MTND. A l’achèvement du processus, la société aura un capital social de 65 MTND.
Nous pensons qu’avec une plus grande participation des banques au capital, la société pourrait avoir accès à des financements à long et moyen termes pour investir et améliorer ses performances opérationnelles. C’est une dernière chance qui s’offre à une société qui peut rayonner sur toute la région du Sahel.