Lors de l’annonce de la BCT de la récente révision à la hausse de son taux directeur de 100 points de base, les avis étaient unanimes : l’accès au financement sera plus difficile que jamais. Néanmoins, peu d’experts ont évoqué les retombées positives sur l’inflation. Autre point omis : l’impact sur les chiffres des établissements de crédit. Cette fois, la réaction des titres bancaires en Bourse était plus rationnelle par rapport à un historique récent. Il faut tenir compte de l’impact de toute la batterie de réglementations à laquelle le secteur est soumis. C’est vrai que les banques gagnent plus d’intérêts bruts, mais l’octroi de crédits a décéléré. A la fin du moins de juillet, l’indice des banques est en territoire négatif, une première depuis de longues années.
Selon les indicateurs d’activité du premier semestre 2019, la marge d’intérêt du secteur s’élève à 1,237 milliard de dinars, en hausse de 23,8% par rapport à la même période en 2018. Pour le seul deuxième trimestre (T2 19), cette marge s’élève à 633 millions de dinars, une évolution de 16%. Mais si nous analysons les chiffres d’une manière séquentielle, nous allons constater une autre réalité. Alors que le taux directeur a augmenté de 12,9%, la marge d’intérêt T2 2019 n’a gagné que 4,1%. Celle du T1 19 s’est même inscrite en baisse. Fin juin 2019, et par rapport au T4 18, l’évolution est de 5,635 millions de dinars seulement. L’élasticité des revenus des banques aux hausses du taux directeur a donc profondément changé. A ce rythme, il serait difficile de dépasser le cap de 2,6 milliards de dinars de marge d’intérêt pour le secteur d’ici le mois de décembre. Les investisseurs l’ont bien compris, et c’est le principal frein au Tunindex.
Bassem Ennaifa