Alors que plusieurs startuppers rêvent de lever quelques millions de dinars, ils ignorent que cela implique une série de changements importants.
D’abord, il faut penser à changer la forme juridique de sa boîte, en optant pour une société anonyme. Cela veut dire qu’en matière de gouvernance, le quotidien va changer à 180 degrés. L’entrée d’un fonds d’investissement dans une entreprise passe par la signature d’un pacte d’actionnaires. Ce document fixe les règles de cohabitation des différents détenteurs d’actions et même les conditions de sortie. Pour le fonctionnement au quotidien, adieu les décisions prises en solo. Il faudra suivre, à la lettre, la stratégie fixée par le conseil d’administration. De plus, il faudra apprendre à rendre compte à ce conseil, à définir les indicateurs de performance, à collecter les chiffres et à défendre son bilan. Le planning habituel de l’entrepreneur sera chambardé.
Il convient également d’être prêt sur le plan organisationnel. La startup doit être clean d’un point de vue comptable et fiscal. Un minimum de structure opérationnelle doit exister. Le promoteur du projet doit s’entourer de bons conseillers pour construire un business plan crédible. Plusieurs bonnes sociétés ratent leur road showss non pas parce qu’elles sont mauvaises, mais parce que leurs plans de développement sont déconnectés de la réalité.
Autre point auquel il faudra faire attention : choisir le bon moment pour ouvrir son capital. C’est vrai que quelques millions de dinars permettraient une accélération de la stratégie. Néanmoins, plusieurs ont tendance à surestimer les perspectives de croissance, synonyme d’un échec de l’opération. Si la stratégie de lancement fonctionne merveilleusement à petite échelle, passer à une autre dimension ne signifie pas l’observation d’un effet multiplicateur.
Enfin, en Tunisie, il faut aussi tenir compte du fait que la levée de fonds est un processus particulièrement long. Il dure, en moyenne, une année dans le meilleur des cas. Buona fortuna.
Bassem Ennaifar