La transition digitale était au coeur du débat à l’occasion d’une conférence organisée ce matin en partenariat entre UTICA Academy et Fondation Konrad Adenauer. Détails.
Le champ d’action de la transformation digitale dépasse de loin celui de la digitalisation ou de l’automatisation des process. Pour Mustapha Mezghani, cette transformation implique un changement organisationnel résultant de l’utilisation des technologies numériques et de l’apparition de nouveaux business models.
Il ne s’agit pas uniquement d’un problème technique mais d’un challenge pour le mode de fonctionnement des entreprises. “La transformation, c’est la stratégie de l’entreprise, et le numérique en est sa déclinaison”, a-t-il indiqué. La transformation numérique a permis l’apparition de nouveaux modèles économiques ― certains sont bi-faces (servir deux types de clients) et d’autres sont serviciels.
Dans l’industrie 4.0, par exemple, on passe du modèle transactionnel à un modèle basé principalement sur les services. Rolls Royce, a pu faire évoluer son modèle économique grâce au big data. L’entreprise, qui fabrique des moteurs d’avions, loue pratiquement ses moteurs d’avions aux compagnies aériennes. En vol, le géant britannique assure la surveillance de ses moteurs ainsi que la maintenance prédictive.
Un service qui le facture à l’heure. En Belgique, un fabricant a installé des puces dans ses matelas. Ces derniers ne sont plus vendus aux hôtels, mais “loués” à l’heure d’utilisation. Ce fabricant propose même de changer les matelas une fois qu’il a détecté qu’elles ne sont plus confortables. “La transformation digitale est là. Il faut s’y préparer.”, a indiqué l’expert.
Les données sont ainsi au centre de cette transformation numérique. Elles permettent aux entreprises de mieux cibler leurs actions et d’agir de la manière la plus optimale. Cependant, il est nécessaire de protéger les données personnelles de l’emprise des entreprises.
Ces informations de nature sensible sont sujettes d’un traitement différent des autres formes d’information. Par exemple, “une donnée personnelle ne peut pas changer de propriétaire”, a expliqué Chawki Gaddes, président de l’Instance de protection des données personnelles.
De ce fait, plusieurs pays dans le monde ont mis en place des lois régulant le traitement des données personnelles au point que la protection de ces données est devenue la norme. Toutes ces lois ne sont pas égales, en revanche.
Certaines offrent plus de protection que d’autres et c’est le règlement général sur la protection des données de l’Union européenne qu’on considère “la forme la plus évoluée”, selon Gaddes. Ainsi, les entreprises doivent respecter un ensemble de règles lors du traitement de données personnelles appartenant à des résidents européens ― même celles localisées hors le territoire européen.
“Les entreprises qui envoient des données personnelles vers la Tunisie risquent de se voir sanctionnées vu que le pays n’offre pas une protection des données personnelles conformes aux exigences de la RGPD”, a rappelé le président de l’INPDP. Ceci peut faire en sorte que la Tunisie soit de facto blacklistée, a-t-il indiqué.