Elles sont 29 entreprises à détenir aujourd’hui une licence d’opérateur IoT. Pour y arriver, le chemin n’a pas été facile nécessitant la coopération de tous les intervenants du secteur. Et ce n’est que le début de l’aventure puisque ce concept fait face à plusieurs défis.
L’internet des objets devrait révolutionner plus d’un secteur sur tout le spectre de l’économie: industrie, transport, santé, sécurité, sans oublier l’urbanisme ou encore l’agriculture. Cet Internet of Things (IoT) devrait permettre de donner accès à une pléthore d’applications réservées aux plus grands comptes-voire concrétiser celles jusqu’alors impossible à réaliser.
L’internet des objets n’est plus un concept théorique, mais bel et bien une réalité, comme l’a prouvé le responsable de Sagemcom. La firme française a présenté, en effet, certaines applications IoT d’ores et déjà disponibles sur le marché. De la géolocalisation par triangulation, au contrôle d’accès en passant par la gestion de flottes, les exemples ne manquent pas. Et ce n’est pas uniquement à la portée des pays dits“développés” ! Romain Weryk nous a relaté l’expérience de Kerlink, startup française spécialisée dans le déploiement des réseaux IoT. “L’internet des objets présente des avantages compétitifs même pour les pays en voie de développement, où la main-d’oeuvre est généralement disponible à bas prix,”, explique-t-il. “Toutes les composantes de l’IoT ont été conçues dès le départ pour être le plus low-cost possible”.
Face aux challenges !
Le Centre d’Etudes et de Recherches des Télécommunications exige que chaque opérateur homologue ses appareils même si ces derniers l’ont été auparavant par des confrères. En guise de justification, le CERT avance que les homologations sont “individuelles” et ne peuvent être partagées. C’est Sagemcom qui a eu l’idée de génie pour parer à cette difficulté : “Nous prenons sur nous d’homologuer les appareils”, a déclaré Christian Jannot, Managing Director & General Manager de Sagemcom Software & Technologies.
Pour des objets connectés … et sécurisés
Connecter nos objets ouvre la voie à d’énormes opportunités, mais apporte aussi son lot de risques. Contrairement à la majorité des autres réseaux, l’internet des objets se distingue par sa capacité à agir et à impacter directement le monde physique. Cette connectivité permet aux hackers de pirater bien plus qu’un compte Facebook ou une base de données. Aujourd’hui, il est possible de pirater une voiture, un ascenseur, voire le réseau électrique de tout un pays. Je vous laisse imaginer les dégâts en termes de pertes humaines qu’un tel incident pourrait engendrer. De ce fait, Mariem Sellami, de l’Agence nationale de la sécurité informatique, considère que la sécurité doit faire partie intégrante dès la conception et couvrir tous les aspects: sécurité physique, mais aussi des communications, des applications, des plateformes et du cloud. Et vu l’évolution rapide des menaces et des outils, les fournisseurs intervenant sur toute la chaîne de valeur de l’IoT doivent assurer leur veille technologique.
A ce titre, l’ANSI, pour sa part, propose d’encadrer et de guider les entreprises qui le souhaitent afin d’assurer les niveaux requis de sécurité. A la question : “L’Ansi ne pourrait-elle pas imposer des règles de sécurité plus efficaces ?” La réponse de la représentante de l’agence ne s’est pas fait attendre : “A cause de la législation en vigueur, nous ne pouvons que jouer un rôle consultatif”. Sur ce point, Farouk Kamoun, vice-président d’IoT Tunisia, a mis en garde contre un excès de régulation :»Il ne faut pas commencer par la réglementation parce que cela peut entraver l’innovation. Il faut faire comme aux USA, développer des applications puis rectifier le tir.» L’ANSI, nous apprend Mariem Sellami, est en train de rédiger un référentiel sur la protection des données personnelles, en collaboration avec l’instance en charge, pour aider les fournisseurs à auditer leurs systèmes et protéger leurs clients. Mais la question de la sécurité à l’ère des objets connectés ne se limite pas à ces deux points, prévient l’interlocutrice. Plusieurs questions restent encore sans réponse. Si un objet connecté autonome prend une mauvaise décision, qui faut-il sanctionner ? Le fabricant, le développeur qui a concocté l’algorithme ? l’opérateur ? …
Dynamiser le secteur
Le gouvernement veut amorcer le développement de l’IoT dans le pays, mais aussi faire de la Tunisie un hub régional en la matière. Qu’a-t-il donc prévu en termes d’incitations financières ? “En termes de financement, nous n’avons rien préparé de particulier pour l’IoT”, a déclaré Sami Ghazali, directeur du département de l’Economie numérique au ministère concerné. Cependant, le responsable explique que plusieurs incitations sont dédiées au secteur des TIC, considéré comme prioritaire dans le cadre de la dernière loi sur l’investissement. De surcroît, une loi pour les startups est en cours de préparation, rappelle Ghazali. Le but est de créer un écosystème favorable à l’innovation. Le financement est, certainement, un ingrédient important pour l’émergence d’une réelle dynamique IoT-ienne nationale et, pourquoi pas, régionale. Mais pas seulement. Pour Farouk Kamoun, la vraie problématique est au niveau du marché : “La technologie existe, mais nous n’avons toujours pas de marché”, a-t-il annoncé.
Sur ce volet, les opérateurs télécoms pourraient contribuer à la création d’un marché. Orange, de son côté, a déclaré que l’opérateur est ouvert à des partenariats avec les autres fournisseurs IoT, ce qui leur permettrait de profiter de sa puissante machine commerciale. Une opinion partagée par les autres opérateurs télécoms, d’après Imed Amer, président d’IoT Tunisia.
Pour une fois, la Tunisie n’est pas très en retard ! Les importantes avancées réalisées durant ces derniers mois dans le secteur de l’IoT l’ont prouvé. L’espoir est permis même si le chemin est encore long.