Le développement durable est au cœur des préoccupations du gouvernement d’union nationale. Accélérer la mise en œuvre des projets relatifs aux énergies renouvelables fait d’ailleurs l’objet d’une conférence de presse tenue les 7 et 8 décembre à Tunis. Le double objectif étant de porter leur part dans la production d’électricité à 30% à l’horizon 2030 et d’accroître la création d’emplois.
Organisée par le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, avec le concours de l’Agence nationale de Maîtrise de l’Energie et l’appui du PNUD, cette conférence a réuni plus de 300 participants, entre institutionnels, élus, experts et professionnels. Elle a été rehaussée par la présence du Chef du gouvernement, Youssef Chahed.
Les travaux s’articulent autour de quatre axes principaux, à savoir le cadre réglementaire et institutionnel régissant les énergies renouvelables, la gouvernance et le financement du Plan solaire et les défis et opportunités du système électrique.
Dans ce cadre, Chahed estime que les années à venir seront prometteuses puisque plusieurs projets seront lancés à partir de 2018. « Ces projets permettront de produire 1000 mégawatts grâce aux énergies renouvelables dès 2020. Plus concrètement, l’objectif est d’atteindre, à travers des entreprises privées, une capacité renouvelable de 210 MW entre énergie éolienne et énergie solaire photovoltaïque sur la période 2017–2020 », a-t-il avancé. Et d’ajouter : « Un investissement de 2 500 millions de dinars a été consacré à la mise en place de ces projets ».
Il s’avère ainsi extrêmement important de recourir à ces énergies renouvelables pour relever les défis futurs étant donné que cette stratégie, s’inscrivant dans le cadre du Plan Solaire adopté et réactualisé par la Tunisie, permettra de couvrir 20% des besoins énergétiques du pays. Elles constitueront, également, un moyen de limiter le déficit énergétique et la dépendance par rapport aux énergies fossiles.
Le Plan Solaire contient, en effet, une batterie de textes juridiques et réglementaires, notamment la loi 2015–12 du 11 mai, relative à la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables ainsi que le décret fixant les conditions et les modalités de réalisation de projets et de vente à la STEG (décret 2016–1123 du 24 août 2016), ou encore le texte relatif au fonctionnement et à l’organisation du Fonds de Transition énergétique (décret 2017–983 du 26 juillet 2017) instaurant un cadre favorable au déploiement du Plan solaire tunisien (PST).
Par ailleurs, un appel d’offres a été lancé en mai 2017 pour inciter les entreprises privées à produire de l’énergie à partir des éoliennes et des panneaux solaires photovoltaïques. A l’heure actuelle, 69 dossiers ont été reçus et ils sont en cours de dépouillement.
Cependant, plusieurs questions ont été évoquées, lors du premier jour de l’événement, à propos des difficultés liées à l’aspect réglementaire et à l’accès au financement.
Dans ce contexte, Amira Rachid, gérante d’Arsolaire Ingénierie, intervient : « On a parachuté des décisions aux agents administratifs sans leur faire faire une formation préalable adéquate. En tant qu’ investisseurs, nous étions soumis à un cahier des charges qui nous contraint de prendre des investisseurs étrangers puisque dans le cas contraire, nous n’aurions jamais pu répondre aux critères exigés étant donné qu’en Tunisie, c’est nous qui assumons tous les risques potentiels au niveau du marché local ».
Selon ses propos, il devient inévitable de débattre des obstacles auxquels font face les investisseurs pour pouvoir par la suite élaborer des recommandations qui font l’objet d’un plan d’action détaillé avec les mesures à adopter, clarifiant les rôles et responsabilités des acteurs.
Quant au ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique, Anoaur Maârouf, il n’a pas manqué d’attirer l’attention sur l’impératif de travailler sur le contrat de vente de l’électricité, tout en déclarant: « Il faut plancher davantage sur les termes de ce contrat et clarifier les clauses juridiques ».