Journées de l’entreprise
La décentralisation est au cœur de la nouvelle édition des Journées de l’Entreprise, un événement annuel d’envergure organisé par l’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises, et qui fête cette année sa 32ème édition.
La décentralisation consiste en un transfert des pouvoirs de l’État vers des collectivités et des institutions bénéficiant, sous sa surveillance, d’une certaine autonomie de gestion. En Tunisie, après des décennies de centralisation du pouvoir par l’État malgré toutes les tentatives de déconcentration, la décentralisation a été finalement inscrite dans la Constitution de 2014.
La décentralisation a certes ses avantages, notamment une administration plus proche du citoyen et la capacité de mettre en place des politiques locales qui tiennent compte des besoins réels des régions et des municipalités. Pour y arriver, il faut bien s’y préparer, a prévenu Ahmed Bouzguenda, président de l’IACE. Pour les entreprises, la décentralisation est à la fois une opportunité et un défi : “Ce régime contribue à la création d’un environnement plus concurrentiel où chaque région est tenue de collecter ses propres fonds et d’en optimiser l’utilisation”, a indiqué Bouzguenda. Et d’ajouter : “Développer et restructurer les chaînes de valeur locales, de façon à en faire des sources de richesse est un élément essentiel pour la réussite de la décentralisation”.
Sans aucun doute, les ressources humaines seront un élément primordial dans la réussite de la démarche de décentralisation. Or, d’après le Chef du gouvernement, le taux d’encadrement actuel dans les régions est faible. “La réussite de la décentralisation nécessite des ressources humaines adaptées aux chaînes de valeur locales, ce qui signifie la revue des systèmes de formation professionnelle pour les adapter aux besoins des régions”, a suggéré Bouzguenda. Et d’ajouter : “Il faut aussi revoir le cadre de la fonction publique qui n’offre actuellement pas la mobilité requise entre le central et le local, le public et le privé”.
“Le gouvernement est pour sa part conscient de l’importance de l’instauration d’institutions locales élues”, a assuré Youssef Chahed. D’après le Chef du gouvernement, la décentralisation va entraîner des changements au niveau de l’exercice du pouvoir vis-à-vis des régions en introduisant des notions telles que la libre administration ― où les collectivités locales vont pouvoir prendre des décisions sans en référer au pouvoir central, de manière à répondre au mieux aux besoins de la région ― et le contrôle a posteriori.
“Aujourd’hui, la responsabilité du développement des régions incombe au gouverneur mais avec la décentralisation, ce sera le rôle des présidents des conseils municipaux, régionaux et de district”, a ajouté Chahed.
Outre la création de 86 nouvelles municipalités, avec une population totale de 3.5 millions de citoyens, le Chef du gouvernement a annoncé que l’État va également prendre en charge les dettes de 46 municipalités, ce qui devrait leur permettre de renforcer leurs capacités à s’autofinancer, et à mieux servir les citoyens.
L’autofinancement ne représente que 4% des budgets des collectivités locales. Pour pallier cette faible autosuffisance, Youssef Chahed a rappelé que la contribution de l’État au Fonds commun des collectivités locales a été revu à la hausse dans le projet de loi de finances. Cette contribution passe de 390 millions de dinars en 2017 à 430 millions de dinars en 2018. “Nous avons également appelé le ministère des Affaires locales à revoir les critères de distribution des fonds du Fonds commun afin de les adapter aux nouvelles exigences du régime municipal et à fournir des financements supplémentaires aux collectivités accusant des difficultés structurelles”, a précisé Chahed.
Dans le plan de développement 2015–2020, 750 millions de dinars ont été alloués pour des projets de développement dans les 86 municipalités récemment créées et les 187 municipalités dont le territoire a subi une extension.