Lamia Fourati, directrice stratégie et communication de Onetech
La stratégie, elle l’a dans les gênes. Quant à la nécessité de la décliner et de la mettre en perspective en interne ou à l’adresse du public; elle en maîtrise l’art et la méthode. Elle fait de la communication une valeur cardinale qu’elle élève au rang d’impératif stratégique qui semble couler dans ses veines. Elle en mesure la nécessité, l’utilité et l’intérêt. Lamia Fourati, car c’est d’elle qu’il s’agit. Directeur stratégie du groupe One tech coule d’eau de source. Le job est taillé à sa mesure et à sa capacité de convaincre, de motiver, de fédérer au moyen d’arguments vrais, justes et clairs. Nulle trace d’ambiguïté, de malentendus ou de confusion de rôle. Elle porte en elle les valeurs d’un groupe qui promet autant qu’il promeut. Un groupe composé d’une constellation d’entreprises 2.0 dans l’industrie électronique et automobile. L’un des rares groupes tunisiens aux solides connections internationales. Lamia Fourati est portée par un management très exigeant mais aussi très social et par l’ambition de l’innovation et de l’investissement pour assurer le développement et la pérennité du groupe. Sur la stratégie de ce conglomérat industriel, sur la sienne propre en matière de communication, elle nous livre le fonds de sa pensée. Interview.
Que signifie la communication chez One Tech ?
Il y a la communication financière, très institutionnelle et très réglementée. Puis il y a la communication à l’adresse des médias dont j’ai la charge depuis environ deux ans, période durant laquelle, nous avons refait toute la charte du groupe. Plus précisément, j’ai en charge la stratégie, la communication stratégique, la communication externe ainsi que la communication interne avec le département RH.
Justement, quelle est la place de la Com interne au sein de One Tech ?
Au niveau des filiales, la com interne est indépendante, elle est plutôt rattachée au directeur RH de chaque filiale. Par ailleurs, nous disposons d’un département communication qui trace les grandes lignes de la Com interne lorsqu’il s’agit de projets partagés, tel par exemple le projet lancé depuis six mois sur l’identification et la communication des valeurs du groupe. Il s’agit d’un projet transverse qui concerne tout le groupe. Ce projet est piloté par nos soins, nous avons d’ailleurs mis en place des événements internes autour de ce projet, conçu des vidéos, etc. Nous organisons également plusieurs événements au sein du groupe du genre tournoi de foot, concours vidéo etc.
Quels sont les canaux de communication interne les plus efficaces ?
Je dois dire que tous les canaux sont efficaces quand ils sont mobilisés de façon appropriée. Nous Nous utilisons les réunions, les formations, nous avons une plateforme de communication interne, les process écrits, etc car nous sommes 4200 personnes
Quelle est la place du digital dans cette communication interne ?
Pour le moment, elle n’est pas encore très développée. Ce sera à mon sens le chantier de l’année 2018. Nous envisageons de lancer un portail, et nous venons de mettre en place une plateforme interne comportant messagerie, partage de document, Skype Entreprise, etc. Nous avons de même élaboré l’année dernière un site web commun, et uniformisé la charte graphique des filiales du groupe.
De combien de filiales dispose le groupe ? Et quel est le challenge de pouvoir communiquer entre elles ?
Le groupe compte 13 filiales. Il existe, il est vrai un véritable challenge.. depuis deux ans nous mettons des process internes transverses, des projets communs, des réunions intra-filiales, des formations internes, tout ceci facilite la communication et surtout le fait que nous avançons tous dans la même direction.
Avez-vous entrepris des actions relatives à la marque employeur?
Il y a eu des tentatives mais en ce moment notre priorité est plutôt de mieux nous organiser. Cela étant, nous avons participé à des expositions pour faire valoir l’opportunité de travailler dans le groupe One tech, dans des salons RH, pour nous c’est important d’attirer et de retenir les talents chez nous.
Avez-vous eu recours à des indicateurs pour mesurer l’efficacité de votre communication interne ?
Oui tout à fait. Nous effectuons régulièrement une enquête satisfaction employé. La dernière en date a été effectuée il y a deux ans, elle nous a permis de nous rendre compte , par exemple, que les employés ne connaissaient pas des éléments importants tels que les valeurs du groupe . Nous y avons remédié moyennant des actions dont on entend mesurer l’impact à travers une nouvelle enquête qui sera lancée dans un mois qui porte non seulement sur la communication mais également sur d’autres volets.
Quels types de volets ?
Des volets liés à la logistique, au bien-être au travail, à la cantine, au vestiaire, à la relation avec le chef hiérarchique, la formation… A ce titre, nous disposons d’une université interne One Tech University. Nous y dispensons les formations techniques standards, mais aussi nous avons introduit l’enseignement des soft skills depuis deux ans tels la communication, la gestion du temps, la motivation des équipes, ainsi que d’autres modules. D’ailleurs, c’est aussi un moyen de développer notre communication interne.
Dans votre fonction, quels sont les plus importants challenges que vous avez relevés et quels en sont les enseignements tirés ?
Le fait de mettre en place une vision à long terme et de la décliner sur les filiales est en soi une démarche assez novatrice, très intéressante, d’autant plus qu’aujourd’hui, nous avons de gros challenges en matière d’innovation. Nous devons êtres assez innovateurs dans nos approches, chose qui n’est pas aisée. En effet, nous sommes un peu liés par notre réglementation qui demeure confinée dans des standards qui ne sont plus d’actualité. 80% de notre activité est destinée à l’export avec un total de chiffre d’affaires de 600 millions de dinars. Près de 60% de nos marchés sont en Europe, les autres sont au Moyen-Orient. Nous travaillons dans le domaine de l’automobile, un domaine en perpétuelle innovation, nous devons, à ce titre faire preuve d‘innovation et de réactivité. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à des challenges importants face à la réglementation.
En quoi la réglementation vous freine-t-elle ?
Aujourd’hui, pour se développer, nous devons faire des acquisitions de technologies à l’étranger et nous sommes très limités par la réglementation locale qui nous impose un maximum de 3 millions de dinars d’investissement à l’étranger par an (réglementation depuis 2007), avec un dinar qui s’est complètement dévalué…. Et puis quand vous êtes dans un métier comme le nôtre, vous ne pouvez pas vous contenter de vous placer sur le marché local. Pour pouvoir accompagner nos clients, nous avons le devoir de nous positionner un peu partout dans le monde.
Comment voyez-vous l’évolution de la communication interne dans les entreprises tunisiennes ?
Comme il s’agit d’une communication interne donc elle n’est donc pas visible de l’extérieur, il n’y a pas de remontée de l’information et de ce fait, je ne peux la juger. Cependant, je peux vous affirmer qu’en ce qui nous concerne, par exemple, tout au long des années nous n’avons connu qu’une seule grève de deux jours. C’est le signe d’une bonne communication interne mise en place au sein du groupe.
Quelles sont les principales valeurs que vous essayez de transmettre ?
Nous avons quatre valeurs : l’innovation, l’agilité, l’engagement, et la force du collectif. En effet, notre force ne peut émaner que de ces valeurs C’est la seule voie nous permet d’atteindre nos objectifs.
Citez nous une action au cours de laquelle vous avez essayé d’ancrer ces valeurs ?
Le dernier évènement, en l’occurrence le concours vidéo était une sorte de consécration de l’innovation. Certains ouvriers avaient imaginé des solutions immédiates afin d’améliorer la productivité au niveau de leurs postes de l’ordre de 40%. C’était l’occasion pour leur rendre hommage.
Le mot de la fin ?
Je dirais que le mot d’ordre est la persévérance. Il n’y a que le travail qui peut développer les entreprises et tout le pays, il n’y a pas d’autres formules. Même en cas d’échec, il faut savoir se remettre au travail car il n’y a que cela qui paye.