Farouk Kamoun, président de l’Université Sesame
Par Ahmed Saoudi
L’un des pionniers de l’informatique en Tunisie, Farouk Kamoun, a contribué, dans les années 70, à la mise en place d’Arpanet — l’ancêtre pour ainsi dire d’internet. Ph.D de l’University of California, Los Angeles (UCLA), de retour en Tunisie en 1976, il est le premier professeur d’informatique du pays, et l’un des pionniers de l’internet dans les années 90. Dr Kamoun est aujourd’hui à la tête de l’Université Sesame. Le Manager l’a rencontré pour discuter avec lui d’employabilité et d’entrepreneuriat.
Que doit proposer l’université pour anticiper les besoins de demain dans le secteur des TIC ?
L’internet des objets est un secteur en pleine effervescence partout dans le monde et a la particularité de toucher plusieurs disciplines; de l’électronique à l’intelligence artificielle, en passant par les systèmes embarqués, les télécommunications, le big data, le data analysis … La bonne nouvelle est que nous enseignons déjà chacune des briques qui composent cette chaîne de valeur.
Il suffit de fédérer le tout dans un framework unifié. La demande sur les compétences dans l’IoT en Tunisie n’est actuellement pas assez importante, vu que le marché est composé essentiellement de petites entreprises qui sont toujours à leurs débuts. Mais ceci devrait changer dans le futur proche avec la popularisation de l’IoT.
Et c’est notre rôle d’anticiper les besoins de demain et d’y préparer les compétences nécessaires. Dans ce contexte, nous proposons déjà à nos étudiants un certificat sur le big data, en partenariat avec IBM. Le data analysis devrait suivre prochainement. Grâce à notre ouverture sur l’environnement économique, nous essayons également d’adapter nos programmes aux besoins réels et actuels de l’entreprise — et aux nouvelles tendances mondiales.
Sur la question des soft skills, quelles solutions envisagez-vous?
Le problème des soft skills ne touche pas tout le monde de la même manière. À Sesame, par exemple, nous avons constaté que le problème est plus prononcé dans les filières techniques que dans la branche management.
C’est principalement une question de volonté personnelle. Il faut que les étudiants comprennent que c’est aussi important que les compétences techniques. Cela dit, nous avons, pour notre part, multiplié les ingrédients qui permettent aux étudiants d’évoluer. Notre cursus est composé, dans une grande partie, de présentations, de projets, de travail en équipe, …
Certainement, les enseignants ont un grand rôle à jouer, ils sont très proches des étudiants pour les coacher et les guider.
Comment préparez-vous les étudiants à devenir des entrepreneurs ?
Dans le cadre des projets réalisés tout au long de leur cursus, les étudiants sont appelés à proposer leurs propres idées, à innover. Ceci leur donne la chance de travailler sur des sujets qui les intéressent. Pour ceux qui veulent aller plus loin, nous avons notre propre incubateur à Sesame afin de pouvoir accompagner nos étudiants et leur créer l’environnement propice à l’innovation.
Nous essayons également de tirer pleinement profit de la synergie entre nos deux branches, ingénierie et management, pour amorcer plus de collaboration. Étant focalisés sur les aspects techniques de leurs projets, nos ingénieurs peuvent faire appel à leurs camarades du département Management pour les aider sur l’aspect business.