Cyrine Ben Romdhane, Femme Francophone 2017
Par Sahar Mechri Kharrat
C’est au sein de son somptueux édifice que la municipalité de la Ville de Tunis a organisé la cérémonie dédiée à la Femme francophone 2017, distinction décernée par l’Association Internationale des Maires Francophones à Cyrine Ben Romdhane. La cérémonie a été rehaussée par la présence de Son Excellence Mme Latifa Akharbache, ambassadrice du Maroc; Ouided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA; Seiffalah Lasram, maire de Tunis et maître de céans; Pierre Baillet, secrétaire permanent de l’AIMF et des représentants du ministère des Affaires étrangères ainsi que des ambassades de France et du Canada.
Souhaitant la bienvenue à ses hôtes, Seifallah Lasram, qui a été la cheville ouvrière entre l’AIMF et la société civile tunisienne, a salué les qualités humaines et professionnelles de Cyrine Ben Romdhane : « Elle maîtrise l’art du dialogue et du rassemblement ».
Et c’est à juste titre. Car la lauréate a co-fondé et préside le Réseau des femmes leaders du Maghreb (RFLM).
« Ce réseau contribuera à la création d’une dynamique de collaboration entre les acteurs de la société civile des pays du Maghreb pour valoriser la place de la femme et œuvrer pour un développement durable ».
Cyrine Ben Romdhane croit dur comme fer qu’il sera un acteur majeur de l’intégration régionale du Maghreb qui bat de l’aile, tombé hélas en déshérence. Citant les chiffres de l’étude du World Economic Forum parus en juin dernier, elle affirme qu’aujourd’hui les échanges intra-Maghreb représentent moins de 5% des volumes des échanges des pays.
Elle ajoute, toujours selon la même source, qu’une intégration réussie ferait gagner à ces pays une augmentation de 5% de leur PIB. Ce qui signifie en clair que le PIB réel par tête d’habitant aurait pu augmenter entre 2005 et 2015 de 24% pour la Tunisie, de 27% pour le Maroc et de 34% pour l’Algérie. Arguments à l’appui, Cyrine Ben Romdhane affiche sa volonté d’œuvrer pour le rapprochement des villes de pays du Maghreb à travers l’inclusion des jeunes et des femmes, favoriser le réseautage entre les pays afin de partager les expériences et dupliquer les cas de réussite.
Le réseau ami des villes est imprégné de cette approche décentralisée et participative, distinctive de l’AIMF.
A ce sujet, Pierre Baillet a souligné que dans la complexité grandissante de la gouvernance locale et avec la libération de toutes les énergies, nul ne peut rester entre soi. « Un maire, quelque puisse être la qualité de ses collaborateurs, a besoin des autres pour avancer, pour éviter les erreurs et pour imaginer le futur », a-t-il précisé. Et de s’adresser à la lauréate en ces termes : « La complémentarité et le dépassement de l’entre-soi est le message que vous portez déjà et que vous allez devoir porter ailleurs ».
Une mission dans laquelle Cyrine Ben Romdhane affirme se reconnaître. Elle s’est dite ravie et honorée de se voir décerner un prix par une association comme l’AIMF dont elle partage les valeurs.
Elle a tenu à partager ce qu’elle sait de l’AIMF avec les présents citant ses actions à fort impact en Tunisie telles que la mise à niveau du centre multimédia du Collège Sadiki, de celui d’el Omrane et du collège de la rue de Pacha. Tout en rappelant que l’AIMF a contribué à renforcer les outils de gestion des villes et à moderniser les services municipaux, à réhabiliter des services de base du centre culturel et de trois cimetières à Tunis.
L’AIMF est également le principal pourvoyeur de fonds pour la lutte contre la drogue dans la médina de Tunis. Les résultats de l’étude effectuée ont fait ressortir qu’une large frange de cette jeunesse en manque de vision et de visibilité s’adonne à la drogue. Un plan d’action est prévu dans ce sens.
Il a fait l’objet de la signature d’une convention en marge de la cérémonie entre Pierre Baillet et Zoubeir Mouhli, Directeur général à l’Association de Sauvegarde de la Médina. Pour mémoire, le budget alloué par l’AIMF et engagé en Tunisie depuis 1996 a dépassé les 3 millions d’euros. C’est dans cette perspective d’améliorer le vivre –ensemble à une échelle multidimensionnelle et régionale que Cyrine Ben Romdhane dit inscrire son engagement depuis sa candidature.
L’occasion pour elle de conclure son discours en paraphrasant un entraîneur américain : «Les sensations fortes ne sont pas dans la victoire mais dans l’action ».
Tout est dit sur la tonalité et le sens de son mandat.