Par Sahar Mechri Kharrat
Le secrétariat d’Etat à la Formation professionnelle et à l’initiative privée a organisé à Tozeur, à la lisière du Sahara, le 11 juillet dernier, une conférence internationale sur le financement de la petite entreprise en tant que levier du développement durable local. En soutien actif à cette louable initiative, l’appui du projet Renforcement de l’Écosystème Entrepreneurial dans le Sud Tunisien du PNUD mais aussi de la BAD, de Zitouna Tamkeen, de la CONECT et last but not least de la BTS. L’événement était la première célébration de la micro, petite et moyenne entreprise (MPME). Il était écrit et dit qu’elle serait instituée par l’Assemblée générale des Nations unies en avril 2017 pour le 27 juin de chaque année.
Kebir Alaoui, représentant résident-adjoint du PNUD, a salué l’approche innovatrice de la Tunisie à célébrer cette journée à travers une démarche pratique et pragmatique cherchant à trouver collégialement des solutions en intégrant toutes les parties prenantes. Il a invité la pléiade d’experts présents à non seulement se référer aux bonnes pratiques mais également à tirer les leçons des erreurs.
“Notre présence à Tozeur traduit notre intérêt particulier pour les zones vulnérables et pour cette jeunesse qui n’a de cesse de réclamer un emploi décent”, a-t-il précisé, lors de son allocution d’ouverture.
Ses propos ont trouvé écho auprès de Saida Ounissi, secrétaire d’État à la Formation professionnelle et à l’initiative privée. Elle a marqué, à travers la Déclaration de Tozeur, à l’issue de cette journée, son engagement ainsi que celui du gouvernement en faveur de la micro, petite et moyenne entreprise : “Ce texte, dit-elle avec force conviction, traduit cette profession de foi qui est la nôtre”.
Pour autant, elle réaffirme que le développement des MPME, premier maillon de la chaîne économique qui s’est révélé un important vecteur de résilience, nécessite une évaluation et des ajustements du cadre juridique et fiscal ainsi que des dispositions institutionnelles et des capacités humaines. Autant d’aménagements nécessaires afin de lever les obstacles majeurs liés notamment au déficit d’accès aux financements, à l’inclusion limitée, au faible recours aux mécanismes de garantie disponibles, au coût du crédit élevé et à l’importante disparité entre les régions et selon le genre.
Saida Ounissi a confirmé la détermination du gouvernement à promouvoir des approches favorisant l’intégration dans le secteur formel, le développement des filières et la valorisation des niches territoriales axées sur le savoir-faire local dans le respect de l’environnement et des écosystèmes. Et de spécifier : “Nous poursuivons la concertation et la coopération avec les parties prenantes pour le développement des mécanismes de coordination entre les structures d’appui et les institutions de financement pour l’orientation du financement vers les secteurs porteurs de chaque région suivant ses spécificités et ses avantages comparatifs”.
Elle a évoqué, notamment, la mise en lien du financement et des programmes de mise à niveau. Au passage, la secrétaire d’Etat a abordé la diversification de la base du financement et la mise en place d’instruments et de mécanismes spécifiques pour le financement de l’économie sociale et solidaire. Cerise sur le gâteau, l’évocation de l’élaboration d’un programme spécifique d’aide aux entreprises en difficulté.
Saïda Ounissi est allée au-delà même du plaidoyer de Nathalie Bouché, chef de cluster croissance inclusive et développement durable au Bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, pour confirmer que les efforts de la Tunisie s’inscrivent dans l’agenda 2030, en mettant l’accent sur l’objectif de développement durable 8 ainsi que ses interactions avec les autre objectifs pour promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable.
Elle a même déclaré avec insistance qu’“une attention particulière sera accordée à l’ODD 8.3 pour promouvoir des politiques qui favorisent les activités productives mais aussi qui encouragent l’innovation, la créativité, l’entrepreneuriat afin de stimuler la croissance de la MPME et de créer des emplois décents”.
A cet effet, elle a attesté l’ouverture de la Tunisie à partager des expériences dans le cadre de la coopération triangulaire et de la coopération sud-sud pour promouvoir l’entrepreneuriat et l’inclusion durable. Et en guise de conclusion, afin d’opérationnaliser les recommandations de la conférence, elle s’est engagée à mettre en place une plateforme multi-acteurs et multi-partenaires et à promouvoir le partenariat public-privé.
Tous les participants en conviennent, cette “Déclaration de Tozeur” était l’occasion pour Saida Ounissi de marquer un changement de paradigme : “Nous passons du modèle de la fonction publique à celui de l’initiative privée”.
Elle a insisté sur le fait que cela est également tributaire de la volonté et de l’engagement des jeunes promoteurs à présenter des projets viables, notamment grâce à l’approche filière. Avant de préciser que : « Notre ambition pour 2018 est de dépenser de manière rationnelle l’argent public et de ne pas restituer les fonds au ministère des Finances à défaut de projets. Il faut que le Sud tunisien arrive à vivre son épopée économique grâce à la création d’entreprises».
A ce titre Kebir Alaoui a lancé un appel à coordonner les actions de toutes les parties prenantes : “Pour gagner en efficacité, il faut éviter le travail en solo, les cloisonnements et les chevauchements”, affirme-t-il.
Le mot de la fin est revenu à la secrétaire d’Etat qui a rappelé : “Ce ne sont pas les crédits accordés par la BTS, ni le nombre d’organismes d’appui qui comptent mais c’est le nombre d’emplois durables et décents créés dans nos régions”.