Par Mounir Zallila
Il y a eu d’abord le Brexit et voilà que la première puissance économique, militaire et diplomatique du monde se trouve entre les mains de celui que personne ne donnait pour gagnant des élections.
Le lecteur n’a certainement pas eu besoin d’un dessin pour savoir qu’il s’agit bien de Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis d’Amérique.
Il ne prône pas moins les mêmes choix faits par les Britanniques ceux de se replier sur soi et de se protéger. Cela va, immanquablement, renforcer les idées des extrémistes de droite comme des ultras, maintenant largement décomplexés.
Avec ces deux précédents, ils ne manqueront pas de reprendre et de détourner, à leur compte, les mêmes armes du discours populiste combien audible, en Grande-Bretagne hier, aux Etats-Unis aujourd’hui et demain, pourquoi pas, en Allemagne, en France et ailleurs.
Cela ressemble, à n’en point douter, à une tendance très nette du triomphe du moi je sur les valeurs et principes égalitaires dont on assiste à la discréditation progressive avec cet individualisme rampant qui colonise l’espace public. Nous n’échappons pas, nous-mêmes, à cette tendance qui se situe, pour l’instant, à l’échelle de l’individu.
Que va-t-il alors se produire ? Les repères jusqu’alors communs vont se brouiller et se dissiper.
C’est tout ça le trumpisme.
Il va de pair avec le défoulement généralisé et vengeur, qui finit par tout inverser dans l’échelle des valeurs. Cela donne froid au dos.
En se référant aux seuls discours populistes de campagne de Donald Trump et à celui prononcé lors de son investiture, c’est dans la stupeur que la plupart des pays se sont trouvés plongés, dès la proclamation des résultats. Groggy, assommés à chacun de s’interroger, surtout de s’inquiéter, sur comment leurs relations futures vont devoir être gérées!
Interrogé par la BBC, lors du Forum Economique de Davos, sur “quel avenir pour les relations tuniso-américaines après la victoire de Trump ?”, le président du gouvernement, Youssef Chahed, a botté en touche en indiquant que des relations unissent les deux pays depuis plus d’un siècle, qu’elles se poursuivent et que dans son actuel processus de transition démocratique la Tunisie a besoin du soutien de l’Europe comme des Etats-Unis dont elle entend partager les mêmes valeurs et principes.
En lisant entre les lignes, il est aisé de relever la difficulté que l’on peut avoir à l’instant actuel de ce que compte faire demain, après-demain et les jours suivants le locataire de la Maison-Blanche, tant les observateurs ont souligné l’ego surdimensionné et le comportement imprévisible mais combien largement imprégné de populisme.
America First est certes porteur mais en allant plus loin dans la recherche de faits qui ont suivi la prestation de serment, un détail, que l’on pourrait juger comme insignifiant, attire l’attention: celui du choix fait, par Donald Trump lui-même, de la chanson pour l’ouverture du bal de la cérémonie d’investiture.
Il s’agit de la célèbre interprétation de My Way par Frank Sinatra, dont les premières paroles disent: And now, the end is near, et maintenant la fin est proche!
Choix délibéré, sifflant la fin de la récréation et la remise en cause de tout, ou alors signe prémonitoire de ce que seraient, ou pourraient être les lendemains du 45ème président des Etats-Unis d’Amérique?
Attendons, croisons les doigts et voyons venir en espérant que le ciel ne nous tombe pas sur la tête.