Le transfert technologique était à l’honneur lors des journées nationales organisées par l’APII, en partenariat avec l’INORPI, sous le thème “Le transfert de technologie moteur de la croissance économique”.
Article paru dans le numéro 225 du magazine Le Manager.
L’ouverture de l’événement a été rehaussée par la présence des ministres de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique Slim Khalbous et de l’industrie et du commerce Zied Laadhari. Ces deux jours étaient l’occasion de remettre les prix aux lauréats au titre concours national de l’invention et également de débattre autour du transfert technologique en présentant des retours sur expériences étrangères.
Sang Myok Seo, de la Corée de Sud, a mis l’accent sur l’importance des IDE en la matière, un véritable canal de transfert technologique.
Son intervention s’est distinguée par une présentation des facteurs clés de succès des systèmes coréens de transfert et de commercialisation de technologie. En premier lieu, il a précisé qu’il est incontestable que la technologie de base doit être excellente.
Mais le plus important , selon le coréen, est de bien concevoir les stratégies de marketing et de commercialisation et ce, dès les premières étapes de la recherche.
Le management doit absolument être orienté marketing pour que l’innovation accède au marché.
D’un autre côté, il faut que les receveurs de la technologie doivent avoir une capacité suffisante d’absorption de ladite technologie afin d’aboutir à un transfert réussi.
Si le modèle coréen se focalise sur le marketing de la recherche et développement, le modèle français insiste sur l’interconnexion entre tout un écosystème organisé entre les universités, les centres de recherche et les industriels. Tous œuvrant dans la même direction à savoir déposer des brevets.
Nathalie Delorme de BPI France affirme que 900 millions d’euros ont été dépensés en dix ans dans ce sens pour valoriser les recherches et créer des actifs ‘propriétés intellectuelles’. “Il faut dérisquer la technologie pour que les industriels puissent se les approprier”, argue-t-elle. Elle précise que 50% des projets SATT sont réalisés en collaboration avec les industriels. Et d’ajouter : “SATT est autonome pour ce qui est de l’exploitation, il filtre et choisit donc le meilleur projet. Ce n’est pas parce que vous avez une déclaration d‘intention qu’elle sera transformée en actifs”.
Jean-Charles Guibert directeur de valorisation au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives CEA, centre de recherche classé premier mondial d’après Thomson Reuters corrobore sur l’importance de cette synergie entre les chercheurs et les industriels. Ceux-ci adeptes de l’open innovation cherchent une équipe d’excellence capable de travailler avec les industriels. Des plateformes d’équipement up to date et des plateformes de propriété intellectuelle sont également indispensables.
Et d’insister : “il n’existe pas de startup technologique sans brevets”.
Pour ce qui est de la Tunisie, avec ses 6000 publications par an en recherche scientifique, la Tunisie est classée 58ème en matière de recherche scientifique. Khemais Zayani, Directeur de la valorisation de la recherche au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique affirme que l’université tunisienne continue à privilégier la recherche à l’innovation. Seulement 150 de brevets sont déposés en Tunisie chaque années.
Et de préciser : « Cette richesse scientifique n’a pas été transformée en valeur ajoutée pour les entreprises à travers de l’innovation ». A cet effet, il faudrait consolider la synergie entre le monde de l’entreprise et celui de l’université et placer l’innovation au cœur de la stratégie.
Hamza Elfil du Centre de recherche et des Technologies de l’eau corrobore sur l’idée qu’en dépit d’un bon système de recherche scientifique, celui de la R&D qui est la base du transfert technologique piétine.
Il explique ceci par le fait que la R&D ne peut pas se faire uniquement dans les laboratoires. Le partenariat entre les institutions de recherche et les laboratoires avec les grandes entreprises publiques telles que la Sonède ou la Steg, pour son cas, est indispensable. Il appelle à une vraie stratégie nationale explicitant une vision pour la R&D et l’innovation impliquant l’API, l’INORPI, l’ANPR ainsi que les technopoles.
Selon Elfil, le secret de l’expérience coréenne est de privilégier l’intelligence collective au dépend de l’intelligence individuelle. Le sujet était d’une grande importance dans un monde qui évolue à très forte allure. Néanmoins, les débats auraient été beaucoup plus riches et pragmatiques si on avait eu le son de cloche des industriels, premiers concernés par le transfert technologique et l’innovation.