Fait d’évidence : des montants colossaux sont investis chaque année dans les pays industrialisés avancés.
Il faut dire que ce sont les États-Unis qui tiennent le haut du pavé avec des investissements de l’ordre de 200 milliards dollars, même si le taux de pénétration du private equity est de seulement 1.23%, contre 1.64% en Israël — selon Emerging Market Private Equity Association (EMPEA).
Fait notoire, les mastodontes des gestionnaires de Private Equity dans le monde sont situés au pays de l’Oncle Sam.
Dans le classement PEI300 de 2016, la palme a été attribuée au gestionnaire Blackstone qui a super-performé en éclipsant ses concurrents et en dépassant son dauphin de 25 milliards de dollars. Des chiffres qui donnent le tournis. Alors même que l’intervention des Private Equity est réduite à sa plus simple expression. A croire que le curseur n’est qu’à ses débuts.
Le private equity en Afrique : un grand potentiel
En ne finançant que 1% de l’activité avec de tels montants, c’est signe de l’existence d’un énorme potentiel. Fait sans conteste, la réalité est tout autre dans les pays émergents et africains. De leur côté, les pays africains présentent un potentiel très important : 823 transactions de Private Equity ont eu lieu entre 2010 et 2015 en Afrique selon l’African Private Equity and Venture Capital Association (AVCA).
A elles seules, l’Afrique subsaharienne et l’Afrique du Sud ont accaparé chacune le quart du nombre des transactions. En termes de valeur des échanges, la région subsaharienne s’est réservée 25% du total alors que l’Afrique du Sud 15%.
Toujours selon l’AVCA, 44% de souscripteurs (LPs) affirment que la performance de leur portefeuille de Private Equity africain correspond ou dépasse leurs anticipations. 77 % d’entre eux déclarent l’Afrique de l’Ouest comme la région la plus attractive en termes de Private Equity durant les trois prochaines années.
Pour ce qui est de l’Afrique du Nord, seulement 83 millions de dollars ont été levés par des véhicules dédiés à cette zone en 2014, enregistrant une baisse considérable par rapport aux années précédentes. A noter que c’est le Maroc qui se taille la part du lion dans la région.
Pourquoi le Privatre Equity bat-il de l’aile en Tunisie ?
Entre 2010 et 2014, les gestionnaires de fonds ont investi quatre fois plus au Maroc qu’en Tunisie. Pourquoi le Private Equity bat-il de l’aile en Tunisie ? Il va sans dire que le pays souffre d’un problème d’attractivité. Ceci a été démontré tout au long des classements. La Tunisie est 65ème dans le classement 2015 de Venture Capital and Private Equity Country Attractiveness Index, alors que le Maroc est 58ème.
Il s’agit d’une étude effectuée sur 120 pays. Elle mesure l’attractivité du capital-risque et du capital-investissement dans un pays. Celui de Davos l’atteste également, le développement du marché financier est un des boulets que le pays traîne. A titre d’illustration, 20 rangs nous séparent du Maroc pour ce qui est de la disposition au capital-risque.
“Il ne peut y avoir de développement réel de l’industrie du capital- investissement en Tunisie sans une vraie modernisation du marché financier et un marché de capitaux liquide qui devient une alternative crédible de sortie à moyen terme pour les investisseurs”. — Mehdi Sethom, managing partner de Mediterranean Corporate Finance.
Il a également souligné que la possibilité de structurer des produits de dette subordonnée ou de dette convertible pourrait être une alternative à la Bourse mais que l’environnement réglementaire actuel reste contraignant pour ce type de produits.
Enfin, il a aussi précisé que l’industrie du Private Equity dans les pays développés s’est largement appuyée sur l’effet de levier bancaire soutenu par des équipes de gestion compétentes et motivées, ce qui a souvent permis de transformer des PME en grands groupes mais que ceci n’a pas été possible sur notre marché (sauf quelques rares cas bien identifiés) probablement en raison du scepticisme des banques corrélé à un refus culturel de nos entrepreneurs à envisager la cession du contrôle de leurs affaires.
Le niveau de protection des droits des investisseurs n’est pas en reste. Il n’arrange pas l’attractivité de la Tunisie pour le capital-investisseur. Ajoutée à cela une croissance atone… Il faudrait que l’entreprise soit vraiment reluisante et super-performante pour séduire le gestionnaire de fonds étranger.