BFI un vétéran de l’Afrique
Kamel Saffar, directeur commercial chez BFI, société spécialiste dans l’édition et l’intégration de solutions logicielles destinées aux banques et institutions financières, nous a fait savoir que la société est présente en Afrique depuis 15 ans.
Elle a plus de 200 clients sur une vingtaine de pays. “C’est un continent qu’on connaît bien, sur lequel on a axé notre stratégie de développement. Les chefs de file sont tunisiens mais nous embauchons beaucoup de compétences locales”, a-t-il précisé.
Interrogé sur les différents besoins des clients, Kamel Saffar répond que sa société intervient principalement sur deux volets. D’abord, le volet système d’information, logiciel bancaire où les solutions existantes sont généralement anciennes et parfois mal structurées.
Il nous faut d’abord examiner la situation pour savoir s’il faut tout changer en une fois ou modifier simplement certaines composantes sur plusieurs étapes. Le deuxième volet concerne l’organisation. Nous avons accompagné plusieurs banques dans leur réorganisation, leur restructuration, en conseil pour les aider à améliorer leur mode de fonctionnement.
La collaboration s’inscrit dans une démarche de partenariat de 2 à 5 ans. Sondé sur les difficultés d’investir en Côte-d’Ivoire, Saffar reconnaît l’existence de certaines difficultés d’ordre réglementaire mais qui sont surmontables si on a envie de prendre en main l’institution et de vraiment l’aider à se développer.
Il estime qu’il y a d’énormes opportunités pour des Tunisiens compétents et qui veulent travailler. Eux-mêmes considèrent qu’ils sont au début de leur développement et qu’ils peuvent s’élargir au reste des pays africains. Plusieurs projets sont dans le pipe tels que l’installation des solutions qui gèrent la totalité de la communauté bancaire, en matière de télécompensation.
“Nous sommes sur les six pays de l’Afrique centrale. C’est la seule expérience de compensation régionale”, a-t-il signalé. Bel exemple d’une entreprise visionnaire, qui a détecté très tôt le potentiel africain et s’y est positionnée.
Le store Everteck installé au cœur d’Abidjan
Mohamed Ben Rhouma, DG de Cellcom, a choisi de s’installer dans un brand shop dans l’un des deux prestigieux centres commerciaux au cœur d’Abidjan. Un signe fort pour dire que la marque n’est pas de passage mais s’installe dans la durée. “Les handsets sont une affaire de confiance”, a précisé Mohamed Ben Rhouma.
Cellcom est une société essentiellement spécialisée dans la commercialisation et le service après-vente des produits HiTech et téléphones mobiles aussi bien sous sa propre marque Evertek que sous d’autres marques.
Après avoir atteint un niveau de maturité en termes de parts de marché en Tunisie, Cellcom s’est tournée vers l’international, en commençant par des opérations d’export. Aujourd’hui la société est présente au Maroc et en Côte d’Ivoire à travers des entités où les locaux détiennent 30% du capital.
Selon Mohamed Ben Rhouma le choix ivoirien était justifié non seulement par le potentiel économique du marché, une population de près de 23 millions d’habitants avec une classe moyenne qui se développe mais également parce que la Côte-d’Ivoire a supprimé les taxes douanières.
L’objectif déclaré est d’atteindre 2 à 3 % de parts de marché la première année pour arriver à décrocher 10% dans quelques années.
Hexabyte se développe en Afrique
L’histoire africaine d’Hexabyte a commencé par une mésaventure, un mal pour un bien !
Décrochant une commande de tablettes pour un montant de 250 mille dinars, Nacer Hidoussi, PDG d’HexaByte, fournisseur de services internet, est allé vite en besogne ; il a vu grand et s’est pris un pied-à-terre pour sa filiale dans les quartiers les plus huppés d’Abidjan.
“En Afrique, il faut rester humble. On peut avoir la prétention de connaître le marché alors qu’il a ses propres règles.”
Toutefois, le client n’est jamais venu récupérer sa marchandise. L’ennui est qu’en Côte-d’Ivoire si la marchandise n’est pas écoulée dans les 6 mois, la TVA n’est plus récupérable.
Il a accéléré les contacts et a pu signer avec Orange Côte d’Ivoire. Une histoire dont il ne retient que la morale ! “En Afrique, il faut rester humble. On peut avoir la prétention de connaître le marché alors qu’il a ses propres règles”.
Et d’ajouter : “Ce n’est pas aussi simple car il y a beaucoup de lobbies. D’autres nationalités sont présentes sur le marché depuis des dizaines d’années, ce qui lui fait dire pourquoi un client prendrait un risque alors qu’il entretient une relation arrangeante avec son prestataire depuis 12 ou a 13 ans”.
Nacer Hidoussi estime que la chance lui a souri, il avait un bon rapport qualité-prix en phase avec le marché. Aujourd’hui, une année après, en plus de la commercialisation de sa gamme de tablettes, il développe encore son activité en fournissant l’accès internet haut débit aux Ivoiriens. D’autres pays d’Afrique tels que la Guinée- Conakry sont également dans son point de mire.
Wevioo, bientôt en Côte-d’Ivoire
Hatem Chebaane, directeur exécutif et responsable du pôle Management Consulting au sein du groupe Wevioo, affirme que sa présence en compagnie de son associé aux Journées de l’entreprise numérique en Côte-d’Ivoire s’inscrit dans le cadre de la stratégie du groupe qui s’oriente vers le marché africain pour certaines de ses activités.
L’expérience africaine du groupe a débuté il y a un certain nombre d’années par des projets avec des groupes bancaires ou de leasing au Burkina-Faso, Guinée Conakry, au Bénin et au Sénégal.
Par la suite, il a pris conscience que la Côte-d’Ivoire et la sous- région commençaient à avoir de la profondeur. “Elles méritent qu’on ait une stratégie particulière, qu’on s’y investisse”, a affirmé Hatem Chebane.
D’ailleurs, le conseil d’administration du groupe vient de donner son accord pour qu’ils s’installent dans les mois à venir et portent cette activité dans cette région en pleine expansion. La filiale ivoirienne du groupe sera spécialisée dans les activités d’intégration ERP et d’infogérance.
La structure englobera dans son tour de table un partenaire local qui permettra une meilleure connaissance du marché et un partenariat win-win.
Signe particulier, le groupe opère dans quatre secteurs, à savoir la Finance (banque, assurance et services financiers), les télécoms, le secteur public et l’industrie ou le retail. Il offre trois types de service : le conseil en management, l’activité technologique à travers des solutions spécifiques et l’outsourcing.
“Il y a beaucoup d’opportunités de projets de digitalisation avec le secteur public. Nous allons capitaliser sur notre expérience en Tunisie”, a précisé Hatem Chebeane. Le secteur bancaire ressemble au nôtre. “Il est émietté et les acteurs locaux ne sont pas forcément en très bonne santé, nécessitant donc un certain accompagnement”.
Et d’ajouter “il y a un marché important en ce qui concerne le système d’information pour le leasing ou le factoring”. Par certains aspects, le pays est assez mature. Il y a une économie concurrentielle, beaucoup de compétences, une diaspora skillée qui reprend les rênes. Ils sont donc très demandeurs, sachant très bien ce qu’ils veulent mettre en place.
Il y a tous les ingrédients pour créer une bonne dynamique et faire le doing business.
Interrogé sur les difficultés du marché, Hatem Chebaane a évoqué certaines spécificités culturelles relatives à la notion temps. “Il faut un temps pour tout, il faut être patient, il faut également beaucoup de pédagogie car la volonté des leaders ne suffit pas”.
Par ailleurs, il a signalé que le groupe ne passe que par des appels d’offres et des bailleurs de fonds, ce qui permet d’être payé en bonne et due forme.
Des entreprises en prospection
Le salon a été également l’occasion à des entreprises qui ont l’Afrique en ligne de mire de faire leur expertise et leur domaine d’activité.
Mohamed Feki, general manager de SOFTIC éditeur de logiciel spécialisé dans le domaine industriel pétrolier est venu prospecter des clients voire établir un partenariat avec un investisseur local. La société met en place des solutions allant de la phase de la conception clés en main jusqu’à l’exploitation de l’industrie ; elle a déjà signé un contrat de traitement des déchets avec PetroChina, un des leaders pétroliers au niveau mondial.
Talys, cabinet de conseil en organisation et en système d’information spécialisé dans le global bancaire, a également fait le pari de l’Afrique. Elyssa Msada, directeur associé, nous a déclaré qu’à un certain moment, ils ont réalisé que l’entreprise doit se développer pour répondre au besoin d’évolution de ses employés.
“Nos ressources humaines prennent de l’ampleur et nous devons leur donner la possibilité de s’épanouir et d’évoluer”, nous a-t-elle déclaré. Fort de quelques références en Mauritanie, ils se sont dirigés vers le marché ivoirien. Ils sont sur des pistes de prospection très avancées.
Que dire au final sinon que les fruits ont porté la promesse des fleurs. Plus que des promesses, il y a eu des conventions signées, des accords conclus, des partenariats construits et d’autres déjà en perspective. La coopération tuniso-ivoirienne dans l’univers des Tics évolue.
La vitesse du haut débit au rythme des deux ministres en mode d’action qui se connaissent, se respectent. Et qui nourrissent l’un comme l’autre d’énormes ambitions pour leurs pays respectifs.
Les plus grandes marches commencent par les premiers pas. C’est fait. La voie est balisée pour un long parcours en commun. Une chose est sûre : le Salon 2016 d’ Abidjan a transformé l’essai en suscitant et en créant de réelles opportunités.
Créer ces opportunités est l’objet même de ce type de salon. Le potentiel est encore énorme, nous a confié Riadh Azaiez, PDG d’AZ com, il faut une délégation encore plus importante pour les prochaines éditions. Pour cela, il a précisé que le CEPEX doit être plus réactif dans les remboursements des participants.
Non sans optimisme, il a signalé qu’il faut bâtir sur ces affinités personnelles entre les politiques et les deux ministres. C’est une chance inouïe et un appui considérable pour le secteur privé dans un pays où les lobbies sont très forts !