Par Lina Kamoun
Organisée à Tunis fin mars par l’Association tunisienne des investisseurs en capital (ATIC), la 2ème conférence annuelle du capital-investissement avait pour thème “Le capital-investissement: moteur du développement économique et social, et levier d’internationalisation des entreprises”.
L’événement, qui a réuni plusieurs personnalités et professionnels du secteur, avait pour objectif la promotion du capital-investissement en tant que levier de création de nouvelles entreprises, d’emplois et de croissance.
En dépit du contexte économique difficile et du mauvais climat des affaires, le capital-investissement reste un recours essentiel aussi bien pour le financement des entreprises et des start-up, le développement économique des régions que pour la résorption du chômage.
“Le capital-investissement constitue une source de capitaux stables à valeur ajoutée qui répond aussi bien aux besoins en fonds propres des start-up et PME tunisiennes, mais aussi à l’amélioration de la gouvernance et de la transparence”, indique le président de l’ATIC, Karim Ghenim.
Rappelons que l’investisseur en capital est un actionnaire à part entière dans l’entreprise qui partage les risques et les profits futurs. Il participe dans le capital d’entreprises non cotées en Bourse, ayant besoin de fonds propres en soutenant l’entreprise à tous les stades de son cycle de vie.
Et d’ajouter que 207 millions de dinars était le montant des investissements en capital-investissement en 2015. 189 entreprises ont pu bénéficier de ce financement avec une moyenne de 1 094 mille dinars par projet, pour un total de 10 000 postes d’emploi. Contre des investissements réalisés en 2014 de l’ordre de 223 millions de dinars au profit de 171 entreprises.
Karim Ghenim a annoncé qu’en 2016, les investissements en capital sont attendus autour de 250 et 300 millions de dinars et pourront représenter 0,3 % du PIB.
Le président de l’ATIC a rappelé que le fléchissement de la croissance contraint la Tunisie à devoir relever 3 défis, à savoir une législation simplifiée qui encourage l’investisseur et prenne en compte ses besoins, le recours aux investissements de l’Etat et l’ amélioration d’une visibilité à long terme à travers des lois stables.
Présent pendant cette journée, le président-directeur général de Vermeg, Badreddine Ouali, a affirmé que la Tunisie dispose d’assez de moyens pour faire face à tous les défis économiques. Toutefois, il a souligné que la lourdeur administrative handicape le développement et l’investissement.
Pour encore citer les entraves à l’expansion de l’activité économique, Radhi Meddeb, PDG de Comete Engineering, a mis l’accent sur le fait que l’esprit entrepreneurial n’est pas encore ancré dans notre culture. D’autant plus que certaines entreprises frileuses au risque restent réticentes à l’ouverture à l’international.
L’impératif de la création des banques de développement
De son côté, Tarek Chérif s’est intéressé au problème du financement, préoccupation majeure des investisseurs. “Le souci des PME réside dans la rareté des crédits malgré l’existence de 23 banques commerciales. Sans dénigrer le rôle important des banques commerciales, je déplore l’inexistence d’une banque de développement à l’instar du modèle de la France”, a-t-il dit.
Il a également appelé à la recapitalisation des banques qui pourrait dégager des possibilités supplémentaires pour l’investissement dans les régions et à l’étranger. C’est ce qui constitue l’effet de levier de l’internationalisation. “L’État doit être en possession de fonds de garanties qui viendront en aide aux banques privées pour faire face aux difficultés de financement et minimiser les risques de perte”, a-t-il ajouté.
Actuellement, la situation est paradoxale, selon le président de la CONECT. Les jeunes entrepreneurs éprouvent une appréhension au financement bancaire face à un niveau de liquidité élevé. Le capital-investissement peut de ce fait constituer la meilleure alternative au financement des PME.
Par ailleurs, Michelle Kathryn Essome, CEO de l’African Venture Capital Association (AVCA), a affirmé le rôle de son institution dans la promotion et le développement du private equity et du capital-risque en Afrique à travers un financement spécifique, des programmes de formation concernant les meilleures pratiques et les opportunités de réseautage.
“Les fonds de capital-investissement ont misé 5,3 milliards de dollars en Afrique du Nord entre 2007 et 2014 en dépit d’un environnement politique et économique difficile. La région s’accapare environ 15 % en termes de volume et de valeur du total des transactions de private equity enregistrées à l’échelle continentale. Le Maroc, l’Egypte et la Tunisie se sont taillé la part du lion avec 90% des transactions réalisées”, a-t-elle souligné.
À l’évidence, même si sa part dans le financement de l’économie est encore faible, le capital-investissement fait son chemin petit à petit et suscite l’intérêt des investisseurs et des entrepreneurs.
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