Par Lina Kamoun
Avec ses 318.9 millions d’habitants et 54353 $ de revenu par habitant, le marché américain est plus qu’attrayant. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Tunis (CCIT), soucieuse d’aider les exportateurs tunisiens à saisir les bonnes opportunités et à diversifier leurs marchés, a organisé début avril une rencontre sous le thème : “Les clés du marché américain”.
Quels sont les horizons ?
Les échanges commerciaux entre la Tunisie et les USA sont en deçà du seuil espéré en comparaison de ceux de l’Union européenne. C’est pourquoi il est temps pour les exportateurs d’orienter leurs intérêts vers le Nouveau Monde.
Mounir Mouakhar, président de la CCIT a rappelé que la Tunisie et les USA entretiennent des relations qui remonteraient au 18ème siècle. Le premier accord bilatéral d’amitié, de commerce et de navigation a été signé le 21 août 1797. Et qu’actuellement, les principaux produits tunisiens exportés vers les USA sont essentiellement : huile d’olive, pétrole et produits dérivés, articles textiles, équipements électroniques, chaussures…
Mounir Mouakhar a fait savoir également que le Fonds d’investissement américain accordé à la Tunisie pour soutenir la transition compte concrétiser un partenariat actif dans plusieurs secteurs et notamment ceux liés aux énergies renouvelables, aux industries alimentaires et à l’industrie verte. “Ce partenariat stratégique favorisera l’ouverture de nouveaux marchés américains pour les produits tunisiens et permettra aux investisseurs de profiter d’une technologie de pointe susceptible d’apporter une valeur ajoutée”, a-t-il dit.
Dans le même sillage, Habib Latrach a rappelé que le cadre juridique régissant la coopération économique et commerciale entre les deux pays se décline en deux piliers. Le premier est le Système Généralisé de Préférences Américain (SGP) qui prévoit l’exonération des droits de douane à l’entrée au marché américain pour une liste de 1.400 produits tunisiens dans plusieurs secteurs tels que l’agriculture, l’agroalimentaire et l’artisanat.
Le deuxième pilier concerne l’accord-cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) (Trade Investment Free Agreement) signé en 2002 qui vise à booster les échanges bilatéraux, les investissements et l’intégration économique régionale dans une vision d’une zone de libre-échange entre la Tunisie et l’Amérique. Habib Latrach a réitéré l’engagement du ministère à mettre à la disposition des opérateurs économiques toutes les mesures nécessaires contribuant à la compétitivité des produits tunisiens et facilitant les conditions d’accès à ce marché.
La FIPA fait-elle assez pour les investisseurs tunisiens ?
De son côté, Raja Touil, Direction du Marketing International- FIPA Tunisia, a présenté un état des lieux de la coopération tuniso-américaine en matière d’investissement.
A fin 2014, 69 entreprises parmi 3220 entreprises étrangères en Tunisie représentent les Investissements Directs à l’Etranger (IDE) en provenance des USA. Ces entreprises constituent 294,52 Millions de dinars investis et génèrent 12 498 emplois. Ces IDE américains sont répartis 4% services, 2% agriculture, 16% tourisme.
Pour les flux des IDE au cours de l’année 2015, ils se traduisent par 12 opérations d’investissement d’une valeur de 7,46 Millions de dinars qui ont permis la création de 45 emplois.
Raja Touil a également passé en revue les différentes actions de la FIPA pour promouvoir la Tunisie auprès des investisseurs américains dans les secteurs des composants automobiles et de l’aéronautique en collaboration avec l’Agence américaine pour le développement international (USAID) et la Chambre Américaine de Commerce en Tunisie (AmCham). Ces actions se traduisent par l’accompagnement des entreprises à exposer au SAE 2016 World Congress qui s’est déroulé du 12 au 14 avril 2016à Detroit, Michigan, USA.
Et de préciser que 35 entreprises tunisiennes, spécialisées dans la fabrication des produits alimentaires organiques (sélectionnés par le Packtec et le CEPEX) vont représenter la Tunisie en tant que pays partenaire de la 62ème édition du Salon Summer Fancy Food Show, qui aura lieu à New York du 26 au 28 juin 2016. Un autre groupe relevant du secteur de l’artisanat partira au New York Gift Fair qui se déroulera du 20 au 29 août 2016.
Un cadre d’accompagnement pas assez réactif
En dépit de la difficulté d’accès, la taille et le pouvoir d’achat constituent les points forts du marché américain, de plus en plus convoité. Mondher Khanfir, consultant et modérateur des panels, a précisé que pour que les produits tunisiens soient adaptés à l’usage, à la culture des Américains pour satisfaire les consommateurs outre-Atlantique.
L’auditoire s’est accordé sur l’inexistence d’organisme d’appui et de soutien public qui puisse accompagner ceux qui désirent s’orienter vers ce marché. La FIPA, le CEPEX et l’ONTT ne sont pas représentés en Amérique. Seule Pioneer Initiative s’est concrétisée grâce à une diaspora de jeunes Tunisiens aux USA par le biais de Tunisian American Young Professionnals (TAYP). A vrai dire, outre l’éloignement géographique, le handicap de la faiblesse de la chaîne logistique, la carence en termes de publicité et de marketing des circuits de distribution, la non-diversification des produits cantonnés aux produits agricoles et agroalimentaires et à l’artisanat… empêcheraient également l’expansion de ces échanges commerciaux.
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