Des différents types d’intelligence existants, l’intelligence émotionnelle suscite actuellement un grand engouement et un intérêt croissant. C’est Howard Gardner, psychologue et professeur à Harvard, auteur de la théorie des intelligences multiples dès 1083 qui a commencé à discuter la suprématie de l’intelligence logico-mathématique et mentale (QI) au profit des autres intelligences.
Dès la fin des années 80, arrivèrent D. Goleman, avec son incontournable ouvrage L’intelligence émotionnelle : comment transformer ses émotions en intelligence et Antonio Damasio, éminent neurologue et professeur en neuroscience (Université de Californie) et son opus L’erreur de Descartes : la raison des émotions pour propulser ce concept au grand public professionnel et connaître le succès que l’on connaît aujourd’hui.
QI vs QE ?
Depuis déjà des décennies, plusieurs recherches ont démontré que l’intelligence intellectuelle/mentale (mesurés par le QI) ne suffisait pas pour prédire la réussite professionnelle, sociale ou personnelle. C’est plutôt la gestion de soi et la capacité à reconnaître ses émotions, de les gérer, ajoutée à l’aisance relationnelle et interpersonnelle qui représentent les facteurs représentatifs et significatifs du succès. De plus, contrairement au quotient intellectuel qui varie peu à partir de l’âge adulte, le quotient émotionnel peut être développé par un travail sur soi continu.
“Il faut avoir une grande musique en soi pour faire danser la vie.” — F. Nietzsche
Depuis la diffusion de ces résultats, l’intelligence émotionnelle est devenue un pilier non seulement dans le développement personnel mais aussi dans le développement professionnel et du leadership. Ainsi Daniel Goleman nous indique que la réussite d’un individu dépend davantage de son QE que de son QI.
Il met en évidence que, dans le monde professionnel, ceux qui brillent et se distinguent ne sont pas forcément les surdiplômés ou ceux qui ont des résultats académiques élevés, mais ceux qui sont humainement appréciés, capables de reconnaître, d’analyser, de gérer leurs émotions et celles des autres. Quand ils demandent de l’aide face à un problème, ils l’obtiennent immédiatement. Repris par les psychologues et professionnels du développement organisationnel, le développement de l’intelligence émotionnelle des managers et employés est devenu un levier de performance et de leadership utilisé dans le domaine du consulting, du coaching et de l’andragogie (formation des adultes).
Qu’est-ce l’intelligence émotionnelle ?
Daniel Goleman décrit ainsi cette forme d’intelligence comme “un art d’utiliser ses émotions et notre capacité à apprendre les diverses aptitudes pratiques qui sont fondées sur cinq composantes : la conscience de soi, la motivation, la maîtrise de soi, l’empathie et la maîtrise des relations humaines”.
“La musique est la langue des émotions.” — Kant
Ajoutées à ces compétences de base, il a identifié plus de dix autres compétences corollaires : la confiance et l’estime de soi, la résilience, la résilience et l’assertivité parmi d’autres. Ces compétences se définissent ainsi :
La conscience de soi
La capacité de reconnaître et de comprendre les humeurs personnelles, les émotions et les moteurs internes, ainsi que leur effet sur les autres. Les indicateurs de conscience de soi comprennent l’auto-assurance, l’auto-évaluation réaliste, et un sens de l’humour auto-dérisoire. La conscience de soi dépend de la capacité à surveiller son propre état émotionnel et d’identifier et nommer correctement ses émotions.
La maîtrise de soi et des émotions
La capacité de gérer (et non contrôler) ses émotions de façon à ce qu’elles soient un révélateur et un atout. C’est aussi la capacité à récupérer rapidement d’une perturbation émotionnelle.
L’empathie
La capacité de ressentir une émotion appropriée en réponse à celle exprimée par autrui, d’effectuer une distinction entre soi et autrui (c’est-à-dire être conscient de la source de l’émotion et pouvoir décoder l’émotion d’autrui) et de réguler ses propres réponses émotionnelles.
La maîtrise des relations humaines
L’habileté dans la gestion des relations et dans la construction de réseaux, ainsi qu’une capacité à trouver des points communs et de construire des liens.
L’estime de soi
C’est le jugement global qu’une personne a d’elle-même et la conscience de la valeur du soi.
La résilience
La résilience est la capacité pour un individu à faire face à une situation difficile ou génératrice de stress.
L’assertivité
C’est la capacité d’affirmation de soi-même et de sa propre personnalité dans le respect d’autrui sans susciter l’hostilité de son environnement. C’est savoir dire « non » sans se sentir coupable.
Comment développer son intelligence émotionnelle ?
L’intelligence émotionnelle peut être développée et entraînée. Elle se développe avec le temps et il est possible de l’améliorer. Les compétences émotionnelles ne sont pas des talents innés, mais plutôt des capacités apprises qu’il faut développer et perfectionner afin de parvenir à un rendement exceptionnel.
Voici quelques conseils.
1.
Domptez votre critique intérieure et acceptez ce que vous êtes. Vaut mieux accepter sa personnalité et apprendre à mieux composer avec celle-ci en misant sur vos forces. Il devient alors beaucoup plus aisé de changer, de s’améliorer, de se transformer ;
2.
Portez attention à ce que vous ressentez d’un moment à l’autre. Connectez-vous à vos cinq sens. Ramenez l’expérience à sa plus simple expression comme “je commence à m’ennuyer”, “j’ai la tête lourde”, “je sens un pincement” ;
3.
Développez de nouveaux intérêts et revisiter ses propres buts et volontés. Dresser une liste des choses que vous aimeriez apprendre ou faire apporte un nouvel élan ;
4.
Passez moins de temps avec les gens critiques, énergivores ou pessimistes et plus de temps avec ceux qui vous apprécient et que vous appréciez ;
5.
Observez vos interlocuteurs, mettez-vous à leur place et décodez leurs émotions en silence et attentivement avant de répondre ;
6.
Renforcez votre affirmation et dites les choses qui vous semblent importantes et que vous avez un peu de mal à exprimer. Respectueusement. N’ayez pas peur d’être rejeté ou jugé ;
7.
Prenez conscience de l’importance d’une bonne communication, basée sur la qualité de présence de l’être, la compréhension et l’empathie. Éclaircissez les malentendus pour faire disparaître les conflits ;
8.
Passer du temps avec soi-même, seul, la fin de chaque journée pour faire la revue de ce qui a bien fonctionné, des émotions ressenties avec bienveillance. Ecouter de la musique, regarder des images qui vous transportent.
Enfin, il est très important d’ajouter qu’une intelligence émotionnelle développée et élevée ne suffit pas si elle n’est pas profondément ancrée dans un système de valeurs éthiques où le respect et l’amour d’autrui en sont le socle. C’est ainsi que Deepak Chopra et D. Goleman parlent de l’intelligence du cœur orientée et non seulement de l’intelligence émotionnelle qui n’est qu’un vecteur et non une finalité.