Fournir une information précise et prospective, capter les tendances des marchés internationaux, appréhender les tendances futures des échanges, fournir les indicateurs économiques susceptibles d’orienter les choix des investisseurs, suivre et analyser les réformes effectuées et améliorer l’environnement des affaires tel est l’objet de l’intelligence commerciale et de la veille stratégique.
A cet effet, une rencontre a été organisée autour du thème “Veille stratégique : les enjeux en Afrique” pour soutenir le secteur privé et public à participer au processus économique de l’Afrique.
La culture de l’intelligence économique dans les institutions privées ainsi qu’au sein des structures gouvernementales permet d’atténuer les risques rencontrés par les entreprises face à cet énorme flux d’informations et à cette concurrence qui s’intensifie et s’internationalise de plus en plus.
La Tunisie, mauvais élève en matière d’intelligence économique
Prenant part à cette conférence, Jalloul Ayed, ancien ministre des Finances, a tiré la sonnette d’alarme quant à l’absence d’une stratégie gouvernementale claire qui instaure les “bonnes politiques”. “Sans vision, nous ne pouvons aller nulle part. L’investissement est l’épine dorsale qui pourrait éradiquer le chômage et réaliser le développement économique. Mais quels sont les vrais créneaux porteurs ? Comment peut-on attirer les investissements directs étrangers (IDE) ? Y a-t-il un climat d’affaires propice ? Que devrait faire le gouvernement pour promouvoir les investissements privés ? La diplomatie économique suit-elle réellement les initiatives privées ?”, s’est-il interrogé.
L’ancien ministre a cité le modèle de Singapour. Selon ses propos, c’est un État prospère qui depuis son indépendance, en 1965, connaît un remarquable apogée. C’est le résultat d’une stratégie économique volontariste renforçant l’attractivité du pays à l’égard des investissements directs étrangers (IDE).
Et d’ajouter qu’encore plus dans cette ère de l’information, le développement économique exige la mise en place d’une cellule de veille qui assure la collecte des informations pour les mettre à la disposition des investisseurs afin qu’ils puissent agir au timing opportun. Cette intelligence économique repose sur trois piliers, à savoir l’économique, le social et l’environnemental. »
L’intelligence commerciale au service des exportations
De son côté, Riadh Attia, directeur général du Cepex, a affirmé que l’intelligence commerciale est un processus créateur de valeur et un levier majeur pour un meilleur positionnement en Afrique. « La Tunisie peut mieux se positionner avec une nouvelle stratégie en contribuant au développement de l’Afrique et en saisissant les meilleures opportunités. L’Afrique avance, nous devons l’accompagner », a-t-il souligné.
Il a indiqué que la part de la Tunisie dans le marché de l’Afrique sub- saharienne a été évaluée en 2015 à 0.03%. Les produits exportés sont essentiellement les ouvrages en matière plastique, les pâtes alimentaires, les serviettes et couches pour bébés, la margarine, le triphosphate de sodium, les boissons non alcoolisées, le papier à usages domestique, d’hygiène/toilette, huile de soja, ciment…
Il a également rappelé que des secteurs tels l’enseignement supérieur, formation & conseil, la santé (cardiologie, ophtalmologie…), les études et ingénierie, les BTP (routes et autoroutes, ouvrages divers…), les TICs, eau et assainissement, l’énergie électrique… peuvent présenter des opportunités pour les entreprises tunisiennes en Afrique.
Et de conclure, il a passé en revue les prestations du CEPEX pour booster la coopération tuniso-africaine et a rappelé qu’un bureau commercial a été créé en 2010 à Abidjan. Ces prestations se traduisent par l’organisation de missions économiques multisectorielles, des visites et participations à des salons et à des événements régionaux, l’accueil des délégations…Et il a appelé à développer le réseautage par la création d’un réseau des anciens étudiants africains en Tunisie.
Pour sa part, Walid Loukil, vice-président du TABC, a souligné que l’Afrique est un vivier d’opportunités et un marché prometteur. Il faut juste être bien accompagnés sur place et réaliser les bons contacts. La réussite en Afrique repose sur un contact perpétuel et physique. Les efforts ne doivent pas se limiter uniquement sur l’envoi des mails ou des feedbacks virtuels. La présence sur place est primordiale pour la promotion des exportations tunisiennes. La persévérance pourrait ainsi porter ses fruits.
RSE levier de croissance
Monia Essaidi, présidente de la Conect internationale, a indiqué que les responsabilités sociales de l’entreprise (RSE) sont devenues la meilleure alternative pour repositionner l’entreprise au niveau national et international face à une concurrence rude et cruciale.
C’est pourquoi, la veille demeure un élément fondamental. “Le label RSE initié part la CONECT repose sur le fait que l’image sociale de l’entreprise est génératrice de business. C’est une opportunité pour capitaliser sur tout ce que l’entreprise fait en faveur des 3P ‘Profit-People-Planet’ : le Profit-les Hommes-la Planète. L’image sociale d’une entreprise peut en renforcer la marque, influer sur la qualité des relations commerciales et l’attrait des offres commerciales de produits. La RSE contribue activement à assurer la prospérité et le développement”, précise-t-elle.
La Tunisie ne manque pas d’atouts pour pouvoir se positionner durablement en Afrique et faire de ce continent un Eldorado. Mais avec une diplomatie à la traîne et des initiatives individuelles égarées comment peut-on rattraper ce retard ?